La spéciale de ZoomTchad
Le TCHAD
Superficie :
Population : Densité : Richesses minières : |
1.284.000 Km²
11.274.106 habitants 8,78 habitants / Km² pétrole, or, uranium |
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Régime | Dictature militaire soutenue par l’armée française. | ![]() |
Président | Idriss Deby Itno | |
Mode d’accession
au pouvoir |
Coup d’Etat mené à partir du Soudan avec l’appui armé de la France et de la Libye. 19 ans de pouvoir depuis 1990. En 2006, il a changé de nom pour devenir Idriss Deby Itno, arrivé au pouvoir avec le grade de Lieutenant-colonel, il s’est auto promu Général d’armée. |
Etat de la démocratie
La presse privée a un ton critique, parfois violent contre le régime mais celui-ci l’accepte tant que les lignes rouges ne sont pas franchies. Cette tolérance est brandie par le régime pour démontrer son application des exigences de la Baule posées par François Mitterrand. Les nouvelles armes des dictatures contre la presse sont mises en œuvre magistralement par Deby, à savoir : menaces physiques, enlèvements, saccages du matériel, consignes pour empêcher des insertions publicitaires, rachat de l’imprimerie (arriérés de plus de 50 millions dus par la presse privée) et enfin la corruption. Constat : des critiques qui sont limitées dans leur impact par une autocensure. Seules les activités des partis politiques sont relatées brièvement et de manière à les vider de leur contenu. Aucun temps d’antenne n’est accordé à l’opposition. Aucune émission de débat politique contradictoire n’existe. Censure des sites Internet non favorables au régime, parmi lesquels notre site zoomtchad.com |
Fonctionnement des institutions
Tripatouillage de la Constitution en 2004 pour instaurer un mandat illimité et écarter toute possibilité d’alternance démocratique. Le parlement aussi s’est autorisé une prolongation de sa législature de manière anticonstitutionnelle. En 19 années de pouvoir, 15 premiers ministres et près de 60 gouvernements.
Elle est qualifiée par les Magistrats de «justice injuste» à la solde du régime et du clan au pouvoir. Deby ordonne et les Magistrats exécutent. L’affaire de la convocation de la Cour criminelle qui, en 48 heures, a tenu séance et condamné à mort les leaders de la rébellion ainsi que l’ancien Président Hissein Habré le prouve amplement. L’affaire «arche de zoé» a définitivement entaché la fausse réputation d’indépendance de la justice tchadienne et montré la mainmise du pouvoir sur son fonctionnement. Les citoyens sont perdus dans l’anarchie des compétences entre justice étatique, tribunaux coutumiers et le comité islamique. Personne ne sait qui est compétent de quoi et pour quoi; les citoyens vont d’un système à l’autre selon que les décisions leur sont favorables ou pas. Quelle législation s’applique ? Les lois de la république, les us et coutumes ou la charia.
Le bilan de leurs activités révèle des objectifs politiciens calculés pour servir des ambitions personnelles. Obéissant au mot d’ordre de leurs bailleurs de fonds, elles ont une étiquette négative et sont soupçonnées de défendre des intérêts régionalistes et de présenter une histoire du Tchad revue et corrigée selon leurs sentiments. Ceux qui les ont dirigés, les ont utilisés comme des tremplins pour obtenir des postes au gouvernement (Enoch Djondang, Abderaman Djasnabaye, etc.) ou encore des planques dans des institutions internationales grâce au coup de pouce des bailleurs de fonds. 0n est bien loin des idéaux de défense des droits de l’homme.
Arrivé au pouvoir dans un pays sans rébellion, Idriss Deby en a suscité une bonne dizaine. Potentiel des rébellions : environ 10.000 hommes, importants matériels de guerre, soutien du Soudan.
Environ 50.000 hommes, achats importants d’armes de guerre avec les revenus pétroliers (chiffres classés secret défense). Les alliés, France et Belgique, sont favorisées. Plus de 200 généraux nommés par Décret, dont l’imam de la mosquée de Ndjamena, un Soudanais qui a été élevé à ce haut grade par Deby ! (voir dossier zoom sur) Au plus bas à l’échelle du peuple tchadien; exode massif des jeunes malgré l’avènement pétrolier; assassinats des leaders politiques après signature d’accords de paix(Abbas KOTY, Bichara DIGUI), ou bien par des actions commandos (Moise KETE, Laoken BARDE) ou par des attentats (Mahamat GUETTI, Youssouf TOGOIMI) ou enfin, à la suite d’enlèvements (Ibni Oumar Mahamat Saleh).
Depuis 2004, le Tchad est un pays pétrolier qui avait pour objectif de réduire la pauvreté de sa population. Le régime a encaissé en 5 années 1.389 milliards de FCFA de royalties versés par le consortium pétrolier. Constat : échec du projet, détournement massif des revenus pétroliers, retrait de la BM du projet. Le chef d’ESSO TCHAD, Ron ROYAL a déclaré après le retrait :«We shouldn’t have called it development project » (Nous ne devions pas l’appeler projet de développement).
Détournement massifs, acquisitions d’importants biens immobiliers dans la capitale par les hommes proches du pouvoir et membres du clan. Nombreuses propriétés en France, en Tunisie, en Malaisie, à Dubaï, au Cameroun, au Mali, en Belgique et peut-être ailleurs par la famille présidentielle.
Accaparement des postes de responsabilités par les membres du clan : Directions de sociétés, Ambassades, Institutions régionales. Par exemple, la première dame est Secrétaire particulière du chef de l’Etat, l’un des fils est Directeur du cabinet civil adjoint, le neveu est Trésorier général, la fille s’occupe du fret, la sœur est Directrice des douanes de fait, le frère dirige l’entreprise des travaux publics qui monopolise 99% des marchés; un autre frère a le monopole de l’exportation du matériel pour l’armée (véhicules et équipements), certains neveux et cousins tiennent les forces armées et tout à l’avenant.
Le slogan de Deby : exécuter fidèlement les désidératas de la France et de la Libye. Présence d’une base militaire française de 1.200 hommes assurant la défense du régime. Présence de la MINURCAT plus de 2.500 hommes.
Soutien médiatique important des médias français et françafricains, occultation totale des dérives sur tous les plans du régime, soutien politique et même une implication profonde dans la gestion des problèmes politiques internes. Par exemple, l’accord politique du 13 Août 2007 a été conclu sous la forte pression de l’Union européenne (UE) et de l’OIF (Organisation Internationale de la Francophonie) qui ont mené les négociations en faveur du régime Deby. On peut même parler de cogestion des problèmes politiques tchadiens, on l’a vu avec l’affaire de l’assassinat de Ibni Oumar Mahamat Saleh où la communauté internationale (ici la France, l’OIF ) s’est mobilisée pour tirer d’affaire Deby. La position de la France se résume à dire que les intérêts de la France se confondent à ceux du régime Deby.
– Population vivant avec moins d’un dollar par jour : 61,9 % – Population vivant en dessous du seuil de pauvreté : rurale 55,1%, urbaine 63%, nationale 64%. – Valeur de l’indice de Pauvreté Humaine en 2007 : 56,2% – Rang de l’Indice de Développement Humain (IDH) sur 177 pays en 2006 : 170 ème. – Taux d’inflation en fin 2008 : + 5,8% |
ECONOMIE
Agriculture : 30% du PIB Industrie : 5 entreprises : la Cotontchad, la compagnie sucrière du Tchad (CST), les brasseries du Tchad, la manufacture des cigarettes du Tchad et la STEE. Elevage : 40% de la population active et compte pour 16% du PIB. PECHE : une production estimée à 150.000 tonnes, développement croissant de la pisciculture. Pétrole : Depuis 2004, exploitation par EXXON, CHEVRON et Petronas, avec soutien et appui de la banque mondiale. Objectif : réduction de la pauvreté. Revenus pétroliers : 1.389 milliards en 5 ans, non respect par Deby du mécanisme financier destiné à garantir une utilisation vertueuse des revenus de l’or noir. Achat massif d’armes de guerre pour consolider le régime. La BM constate l’échec du projet du siècle et se retire du projet. La gomme arabique : le Tchad , deuxième exportateur mondial après le Soudan,15 milliards en 2006 ; important potentiel. Karité : exploitation de 5% du potentiel seulement. Fort potentiel. Autres Minerais – Filons de quartz aurifère, et or dans le Ouaddai. – Plomb et argent, uranium dans le Tibesti, sans compter le souffre exploité par la Libye à Aouzou depuis des années; fabrication d’allumettes. – Fer, manganèse, étain, tungstène, au Mayo Kebi. – Diamants dans le Guéra ainsi que du marbre, ciment et du calcaire. – Or à Pala déjà exploité en douce par les chinois, commercialisé et détourné par le clan Deby dans la mesure où les recettes de la production de cet or, encaissées depuis 6 ans ne sont pas budgetisées. Production importante de natron, utilisé dans la verrerie, la pharmacie, la savonnerie et l’industrie agro alimentaire
– Services postaux : faible maillage du territoire, la société des postes offre un bureau de postes pour 206.000 habitants alors que tous les pays d’Afrique subsaharienne sont à un bureau pour 20.000 habitants. – Services Telecom : Sotel Tchad, société nationale, offre 1 ,7 ligne pour 1.000 habitants soit 5 fois moins que la moyenne africaine. – Secteur financier : les services bancaires occupent une place marginale dans la valeur ajoutée du secteur tertiaire. L’accès au financement est extrêmement limité. Banques privatisées et opèrent sous contrôle de la COBAC. La faiblesse du système financier est un obstacle à la mobilisation de l’épargne et un frein à l’accès au crédit des populations défavorisées dans un pays où tout reste à faire. L’exploitation du pétrole n’a eu aucun impact sur les banques car tout le financement a été entièrement assuré par des investisseurs extérieurs. Tourisme La variété de ses paysages, la richesse de son patrimoine humain et la diversité de sa faune sont des atouts pour le Tchad. L’absence d’infrastructures de transport mais aussi d’hôtels, de gites et surtout l’insécurité sont les obstacles majeurs au développement du tourisme. Emploi En 2006, 34.000 fonctionnaires et 17.200 salariés du privé. 919 entreprises enregistrées à la chambre de commerce, seules 29 ont plus de 50 salariés. Monnaie et crédit Le Tchad est membre de la zone franc. Politique monétaire définie par la BEAC. Le Tchad est membre de plusieurs organisations sous régionales comme la CEMAC qui régit son système douanier ; c’est le Tarif Extérieur Commun (TEC), introduction d’un système de taxes directes et d’un tarif préférentiel appliqué aux échanges intra communautaires. |
SANTE
– Espérance de vie de bonne santé en 2007, moyenne générale : 40,7% ; hommes : 39,7%, Femmes : 41,7% – Espérance de vie à la naissance en 2008 : moyenne nationale, 51% – hommes: 49,6%, Femmes : 52,3%. – Mortalité maternelle pour 100.000 en 1996 : 827 ; en 2008 : 1.099. – Mortalité infantile pour 1.000 : 118 en 2008. – Mortalité des moins de 5 ans : 168 pour 1.000 en 2008. – Naissances assistées par un personnel qualifié : en 1990 : 24%, en 2005 : 21% – Indice de fécondité : en 2008, 6,11. – Pourcentage de femmes capables de procréer : en 2008, 22,4%. – Taux de prévalence contraceptive pour la tranche de femmes âgées de 15 à 49 ans : 2 ,8%. – Population ayant accès aux services de santé: en 2005, 30%. – Indice de Paludisme : 386.197 cas signalés à Ndjamena en 2006. – Indice de la tuberculose sur 100.000, 299 cas en 2006. – Indice de la poliomyélite : en 2007, 21 cas notifiés ; en 2008, 37 cas (crainte exprimée par l’Unicef que le Tchad devienne le pays exportateur du poliovirus sauvage car la maladie est pratiquement éradiquée dans de nombreux pays en Afrique). – Taux de prévalence du VIH : chiffres récents, 6 ,5 à 7%. – Nombre de femmes vivant avec le VIH et âgées de plus de 15 ans : en 2007, 110 pour 1.000. – Population n’espérant pas survivre à 40 ans : 45,2% et pour les 60 ans : 56,2%. – Nombre de médecins pour 100.000 habitants : en 2007, 3 médecins et 24 infirmières. – Nombre de lits d’hôpitaux pour 100.000 personnes : en 2007, 40. – Dépenses de santé publique en % du PIB : en 2007, 1,5%. – Indice de confiance dans le système de santé : Deby se fait soigner en France, en Arabie Saoudite, ses enfants naissent à l’hôpital Américain de Paris, les pontes du régime selon leur portefeuille suivent le même chemin ou vont en Tunisie et en Egypte. La classe moyenne fait la queue devant les hôpitaux camerounais, le petit peuple se meurt… |
Education
– Pourcentage des élèves atteignant la 5ième année d’école : 31,2%. – Taux d’alphabétisation des jeunes de 15 à 24 ans en 1990 : 48%, en 2007 : 37,6%. – Taux d’analphabétisme des adultes, hommes : 59,2%, femmes : 90,7% en 2007. – Le Tchad est inscrit sur la liste noire des pays pratiquant la traite des personnes et pour le recrutement d’enfants soldats dans son armée.
– Le système éducatif est gangrené par la fraude, la corruption, les fuites importantes des épreuves, triches avec téléphones portables ; la burqa a été utilisée par une candidate pour dissimuler 10 feuilles de cours ; substitution de candidats aux épreuves du Baccalauréat. Récemment, le gouvernement a décidé de ficher les élèves avec relevé de leurs empreintes digitales et de mettre des check points devant les classes au moment du déroulement des épreuves ; une véritable aberration et du jamais vu.
– 43.000 candidats toutes séries confondues ; série A4, 28.921 candidats ; A4 arabe, 2076 ; série C, 1036 ; série C arabe, 14 ; série D, 16112 etc…
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Relations avec les Institutions internationales La banque mondiale a exigé lors de son retrait du projet pétrolier de se faire rembourser immédiatement des sommes qu’elle avait avancées au moment du lancement du projet. Depuis 2005, le FMI et le gouvernement tchadien n’ont pas pu conclure un programme économique, faute de s’entendre sur des règles de bonne gouvernance. En 2008, les négociations sont relancées mais point d’accord. Infrastructures et services Le gouvernement Tchadien a utilisé une partie des revenus pétroliers pour l’achat d’équipements militaires ; avions, chars, hélicoptères de guerre. Face aux critiques, il s’est résolu à démontrer que les revenus pétroliers servent aussi à la construction d’édifices publics, routes, hôpitaux, écoles. Pour se faire, une société de travaux publics, la SNER dirigé par le frère du président Deby exécute 99% des marchés et procède à une très large surfacturation. Plusieurs experts ont déploré la politique du construire pour construire, sans que l’édification des ouvrages obéisse parfois à de réels besoins, ni ne soit adaptée à sa supposée destination ; et ceci, en ce qui concerne les écoles, faute d’élèves en nombre suffisant pour remplir les salles de classe ; faute d’équipement et de personnel médical pour faire fonctionner les structures pour ce qui est du secteur de la santé. Exemples : on construit dans chaque quartier un lycée, dans chaque arrondissement, un stade de 15.000 places ; alors que déjà dans plusieurs régions, les salles de classe sont utilisées pour garder les moutons ; le stade de N’Djamena ne répond pas aux normes internationales et est quasiment vide lors des rencontres hebdomadaires.Se prononçant sur cette politique de construction, un médecin tchadien a eu ces mots : « Ces gens ne cherchent pas à améliorer le système de santé, à N’Djamena même, les hôpitaux manquent de tout, des groupes électrogènes en panne, pas de dotation en carburant, pas d’oxygène, les vaccins sont détournés et revendus au Cameroun, imaginez qu’entre Massaguet et N’Djamena(80 km), il n’y a même pas d’ambulance pour transporter une femme en travail dans une situation critique ; en province, les malades sont transportés à dos d’âne ou à moto avec tous les risques. Ils cherchent avant tout à détourner au maximum les revenus pétroliers sans améliorer la santé et réduire un tant soit peu la pauvreté des populations. Le reste, c’est de la propagande et, comme disent les Ndjaménois, « le goudron et le béton ne se mangent pas ». Les deux secteurs, santé et éducation, sont ceux qui sont en régression constante et c’est là où ils dépensent à tort et travers pour remplir leurs poches et hypothéquer l’avenir des enfants de ce pays en détournant massivement l’argent du peuple. ».On ne peut mieux dire… |