Le Sommet Extraordinaire du G5 s’est tenu à Bamako,et, en une journée, tout a été bouclé. Ce sommet extraordinaire a été l’occasion pour le nouveau Président français de dérouler son plan d’actions et d’exposer sa vision dans la lutte contre le Terrorisme au Sahel.
Dans son discours, le Président français a rappelé que « la lutte contre le Terrorisme est aussi une lutte contre l’obscurantisme », qu’il continuait « la mission initiale définie par le Président Hollande dans la mobilisation des énergies pour lutter contre le Terrorisme. »
Pour lui, » le G5 est un mouvement profond, une nouvelle dynamique, une initiative d’une coopération régionale, d’une communauté soudée pour relever un défi commun. Ce n’est pas une guerre que nous menons car, pour cela, il faut avoir un ennemi digne de ce nom, et ce n’est pas le cas. Nous avons, en face de nous, des voyous, des assassins. Il faut donc les éradiquer. Le G5 est une force conjointe que la France soutient mais aussi l’Union Africaine et l’Union Européenne. Deux résolutions des Nations Unies ont désormais tracé la voie de la mise en œuvre de cette force, d’une part, mais aussi, d’autre part, assuré le renouvellement du mandat de la MINUSMA. La France vous accompagne avec un esprit de partenariat mais aussi une exigence car elle attend d’être convaincue de votre mobilisation et de votre efficacité dans l’action et les combats à mener. Pour cela, les hommes de Barkhane seront à vos côtés dans les combats et pour relever les défis. »
« La France a dit Macron, livrera 70 véhicules, du matériel de communication, du matériel de protection pour les troupes, elle équipera le centre de préparation et de commandement. La France met sur la table 8 millions d’euros, l’Union Européenne s’est engagée à hauteur de 50 millions d’euros. La sécurité de la zone Sahel et celle de l’Afrique en dépendent. La stabilité du Mali est l’une des conditions de la réussite de tous nos efforts, aussi, le respect et l’application des Accords d’Alger à savoir ; le désarmement, l’intégration des forces et ensuite le redéploiement de l’administration malienne et la décentralisation est une exigence car des hommes risquent leur vie pour gagner la guerre. Nous devons aussi gagner la paix .
Pour gagner la paix, nous devons assurer le développement des zones délaissées, où la jeunesse est au chômage et, pour sa survie, s’adonne à toutes sortes d’aventures et de trafics. C’est pourquoi la France va lancer avec l’Agence française pour le développement (AFD) et d’autres partenaires, l’Alliance pour le Sahel dont le siège sera à Ouagadougou . Ce sera une initiative concrète pour le montage et le financement de projets de développement, créateurs d’emplois dans les zones reculées où les terroristes agissent. Cette Alliance pour le Sahel est une coalition de partenaires pour faire la différence sur le terrain. Nous serons intransigeants sur la corruption et nous mettrons l’accent sur la formation et l’éducation, meilleurs remparts contre le fondamentalisme guerrier. L’agriculture et le pastoralisme seront développés et nous permettrons de lutter ainsi contre l’immigration et les trafics en tous genres. Je pense que tous les problèmes sont liés.’Un fonds de 200 millions d’euros alimentera les projets de l’Alliance pour le Sahel. »
Le Président Français a martelé que »la question du financement est un faux problème. Les hommes de Barkhane risquent leur vie chaque jour et n’ont pas présenté de factures, a t-il déclaré.Les choses doivent bouger, dés juillet et août, le centre de commandement sera opérationnel et les forces vont se positionner. C’est ainsi que les autres partenaires seront motivés pour apporter un financement.Une contribution de chaque pays d’un montant de 10 millions d’euros devra rapidement intervenir pour que, justement, un signal fort soit lancé en direction des autres partenaires pour les inciter à contribuer. »
Le Président Français a aussi souligné la différence entre les forces militaires présentes sur place au Mali.
« La MINUSMA se mobilise pour assurer la stabilité du Mali et empêcher la reprise d’une situation de guerre. Mais elle n’a pas un mandat pour combattre les forces djihadistes et les autres trafics. Ce sera le rôle des forces du G5, qui vont engager des combats contre les djihadistes dans le Sahel, mais aussi contre les trafics de drogue, les trafics humains (migrants) etc. Quant à l’Opération Barkhane, elle a plusieurs missions ; la lutte contre le Terrorisme, mais aussi, assurer la sécurité de certaines zones. Barkhane va aussi coordonner et appuyer les combats contre les terroristes pour les couper des sources d’approvisionnement dans les zones tampons sensibles situées dans l’espace transfrontalier. »
Voici l’essentiel du discours du Président français exposant son plan de lutte contre le Terrorisme et son éradication dans l’espace sahélo saharien.
Commentaire de la rédaction de ZoomTchad :
Nombreux étaient les Tchadiens qui attendaient ce Sommet pour voir les premiers contacts entre le Président Macron et Idriss Deby.
La mine renfrognée Idriss Deby a été totalement ignoré par le Président Macron tout au long du Sommet. Le discours du Président d’honneur Macron n’a fait aucune allusion ni à la participation du Tchad au sein de la MINUSMA ni au sein du G5 ni aux états d’âme et autres déclarations de Deby.
Dans le schéma tracé par le Président Macron et la mise en œuvre de la force du G5, on voit bien que le Tchad est poussé et mis de côté. Le Haut commandement est malien, c’est le Burkina qui acceuillera le siège de l’Alliance pour le Sahel, branche économique pour éradiquer le chômage et le désir d’immigrer vers l’Europe.
Le Centre opérationnel aura une branche au Niger, une au Mali et une au Burkina.
Le Tchad d’Idriss Deby a bel et bien tout perdu.
La zone de LIPTAKO GOURMA, zone des 3 frontières à la croisée des territoires malien, nigérien et burkinabé est définie comme l’espace prioritaire. Les forces de Barkhane vont y opérer en encadrant les 5000 hommes de la force du G5, il n’est plus question de 10 000 hommes. Aux Nations Unies, les réserves ont été fortes sur la gestion et la capacité d’action d’une force aussi lourde.
Lors du point de presse, une journaliste de la Radio des Nations Unies a posé aux Présidents Macron et Keïta, une question sur les états d’âme d’Idriss Deby qui, dans ses récentes déclarations, a affirmé ne pas vouloir participer à la nouvelle Force du G5.
Le Président Malien a rigolé et a rassuré en disant : « Idriss Deby est là avec nous, il est arrivé hier et ses forces sont là et donc non, il reste avec nous. » Tout cela dans la rigolade, histoire de dire qu’il ne faut pas en tenir compte…Une dérision et une véritable misère pour Idriss DEBY!
Le Président Français quant à lui, a ignoré cette question sur les états d’âme d’Idriss Deby et préféré répondre à la seconde question.
Constatons qu’il n’y a eu aucun geste ni déclaration française pour faire changer d’avis Idriss Deby. Lui seul, a pris peur et comme vous le voyez sur ces images, s’est humilié en cherchant à tout prix à se rapprocher de Macron pour lui parler, ce dernier s’adressait tour à tour aux autres Chefs d’Etat, sans regarder Idriss Deby. Il fut obligé de quitter son fauteuil pour venir jusqu’à lui, pour lui dire quelques mots, alors que les autres Chefs d’Etat étaient calés tranquillement dans leur fauteuil pour échanger.
Après la fin du Sommet, juste avant le ballet des départs, Idriss Deby a sollicité un tête â tête à Emmanuel Macron. Indiquons que la télévision tchadienne a sollicité une réaction du Président Macron à la fin de l’audience, elle a essuyé un refus du Président Français qui, pourtant, a répondu à la télévision malienne.
Les inquiétudes côté officiels tchadiens étaient telles que la Téletchad s’est empressée de diffuser l’audience avec Macron comme signe de dégel des relations Franco-tchadiennes. Loin s’en faut pourtant. Les prochains mois, nous édifieront sur la façon dont Emmanuel Macron va gérer le cas d’Idriss Deby.
Il est apparu durant ce Sommet comme un homme déterminé à agir et à faire en sorte que les militaires français ne soient pas piégés dans ce bourbier, il a clairement exprimé l’impérieuse nécessité de préserver la vie de ses compatriotes et ne semble pas être un homme à se laisser prendre aux jeux des accolades interminables et de la grosse rigolade. Sans être paternaliste, il a néanmoins exprimé qu’il avait des exigences de résultats, d’engagement et a forcé tous les pays du G5 à contribuer rapidement au financement de cette force pour qu’elle soit opérationnelle entre juillet et août, afin qu’en septembre et octobre, une première évaluation de ses actions soit faite. Macron veut des résultats et a défini un cadre d’actions avec un Etat major qui va évaluer la mise en œuvre du plan régulièrement.
Imaginez tout le discours d’Idriss Deby qui disait que le Tchad était arrivé à ses limites financières et qu’il ne pouvait pas mettre ses militaires partout. Il a tout ravalé et va immédiatement sortir 10 millions d’euros en moins d’une semaine et aucun soldat tchadien ne va bouger. Interrogé par la télévision malienne, il a affirmé : » Nous allons passer à l’acte ! » Comme quoi, le tyrannosaure Deby a eu très chaud, il est redevenu un soldat au garde à vous !
Par ce plan d’actions qui a pour but, à court terme de diminuer, les effectifs de l’Opération Barkhane et à moyen terme de la faire sortir du piège d’une guerre contre le Terrorisme sans fin. Les forces africaines du G5 vont aller au casse pipe contre les djihadistes. La grande inconnue est la réaction des djihadistes et les résultats sur le long terme de ces actions militaires. La paix au Mali ou plutôt les conditions et les concessions pour la Paix feront-elles l’unanimité au Mali ? On apprend que la France a fait des propositions concrètes à l’Algérie pour une paix durable au Mali. En quoi consistent – elles?
La solution proposée par Macron combinant actions militaires et actions pour le développement va t- elle éradiquer le Terrorisme, en supprimant les causes du mal,et aussi, mettre fin à la question migratoire? Certainement pas.
La Rédaction de ZoomTchad.