Tout d’abord, une clarification quant à l’identité des parties prenantes de ce conflit meurtrier s’impose, d’autant plus qu’un brouillage délibéré et hypocrite développé au niveau de la toile assombrit la clarté des faits, en donnant à croire qu’il s’agirait des affrontements armés opposant Tchadiens et Soudanais ; alors qu’en réalité, il s’agit des batailles sanglantes ayant mis face à face deux groupes ethniques tchado-soudanais, à savoir : opposition des Zaghawas tchado-soudanais à des Arabes soudano-tchadiens. Autrement dit, ces Arabes qu’on voudrait faire passer pour des Soudanais uniquement, ont émigré au Soudan depuis le Tchad, pour la plupart, il n’y a pas si longtemps. De surcroit, ils n’ont jamais coupé leurs liens avec leur mère-patrie et, en particulier, avec leurs parents restés au pays. Exemple : Un de leurs Chefs, parmi les plus célèbres, Moussa Hilal, connu comme le dirigeant des Djandjawid, est parti de son terroir natal tchadien de la région du Ouaddaï-Biltine, à l’âge de l’adolescence. Une partie de sa famille vit toujours au Tchad. Quant à la partie Zaghawa, elle est composée de Zaghawa tchadiens et de Zaghawa soudanais dont beaucoup ont reçu gracieusement du régime Deby de pièces d’identité tchadienne. Pour la petite histoire, rappelons qu’il n’y a pas si longtemps, pour sceller une alliance politique entre les deux familles, Déby a épousé la fille de Moussa Hilal ; un mariage « royal » qui a coûté, pour ce qui était connu, la rondelette somme de 14.000.000.000 de FCFA ( quatorze milliards ). Une union éphémère qui n’a pas tenu une saison, tout comme leur alliance politique qui a volé en éclats.
Telle est la vérité des faits quant à l’identité des parties prenantes du conflit meurtrier dont il convient à présent d’expliciter les causes.
Sur ce point, il importe de rappeler, qu’avant les récents affrontements meurtriers, la soldatesque de Déby avait, par des méthodes de violence inouïe, dépouillé les paysans du Ouaddaï-Biltine-Goz Beïda et du Dar Tama de tout leur cheptel camelin. Aujourd’hui, ces malheureux hommes et femmes dont les terres et les villages ont été dévastés, quand ils n’ont pas été purement et simplement incendiés, n’ont plus que, comme moyen de transport, leurs maigres jambes et, pour les mieux lotis un ou deux ânes. Aussi, ces régions n’ayant plus rien à leur offrir, les vandales de Déby se tournèrent vers le Soudan pour s’attaquer aux communautés arabes riches en troupeaux de camelins. Depuis plusieurs années déjà, les razzia dirigées contre ces cheptels arabes se sont multipliées. Les démarches effectuées et les plaintes déposées auprès des Autorités compétentes des deux pays n’ont jamais rien donné. Arriva alors ce qui devait inéluctablement arriver. En effet, suite à la énième razzia zaghawa portant sur plusieurs centaines de chameaux, et ayant entrainé morts d’hommes dont un haut dignitaire local, les tribus arabes ont décidé de riposter et passèrent à l’action. D’où les récents combats meurtriers et leurs conséquences qui ont rendu explosive la situation tout le long des confins tchado-soudanais. Telle est la vérité des faits.
Aussi, il n’est nullement question d’un conflit armé entre Soudanais et Tchadiens, mais bel et bien d’un conflit armé ayant opposé, comme précisé ci-haut, deux entités ethniques – Zaghawa et Arabes – en raison de nombreux pillages de bétail effectués par les premiers au détriment des seconds. Bien évidemment Déby, ses miliciens, leurs partisans et les ethnicistes zaghawa de tout bord crient sur tous les tons, au conflit armé qui opposerait Tchadiens d’un côté et Soudanais de l’autre. C’est tout faux. Au lieu d’appeler un chat, un chat, rapporter honnêtement, autant que faire se peut, les faits dans leur nudité et, ce faisant, contribuer tant soit peu à la bonne compréhension des problèmes dans la recherche de la meilleure solution au drame, certains, habitués à des contorsions imaginaires puériles, préfèrent, comme à leur habitude, emprunter les raccourcis ethnocentristes pour expliquer la situation, et tenter ainsi de semer la confusion dans l’esprit des gens. Pour paraphraser l’autre, disons : Les faits sont têtus !
La rédaction de Zoomtchad.