Après l’affaire de l’Arche de Zoé, on croyait que la leçon a été retenue et que les ONG allaient être un peu plus surveillées. Hélas, loin de là, dés que ces ONG mettent en avant leur action dans l’affaire Habré, toutes les portes s’ouvrent pour laisser place à leur délinquance et leurs vices. Les services de sécurité si prompts à faire la chasse aux étudiants, aux personnes soupçonnées de collision avec Boko Haram, dorment quand il s’agit de protéger les enfants mineurs et les jeunes adolescentes. A nouveau un tel scandale se passe dans notre pays et démontre bien l’anarchie, la déliquescence de ce soi-disant Etat du pouvoir d’Idriss Deby. Le journal sénégalais DakarTimes a fait la synthèse des révélations de la presse anglaise, dans sa parution du Mardi 13 février 2018, nous vous le proposons en intégralité:
Une fois de plus, la célèbre ONG britannique OXFAM a été citée dans un scandale à caractère sexuel. Exprimant sa « tristesse » et sa « honte » de « la conduite d’employés au Tchad et à Haïti (…) incluant le recours à des prostituées », Penny Lawrence, qui était à l’époque directrice des programmes internationaux, a annoncé sa démission de ses fonctions dans un communiqué où elle déclare sans ambages ceci : « Au cours des derniers jours, nous avons pris conscience que des questions avaient été soulevées au sujet du comportement du personnel [d’Oxfam] au Tchad et en Haïti, pour lesquelles nous n’avons pas réagi de manière adéquate. Il est maintenant clair que ces accusations — liées au comportement du directeur de pays, de membres de son équipe au Tchad et impliquant le recours à des prostituées — ont été soulevées avant qu’il ne s’installe en Haïti. En tant que directrice des programmes à l’époque, j’ai honte que cela soit arrivé sous ma direction et j’en prends l’entière responsabilité. » Cette affaire dévoilée par le Times était déjà dans les arcanes des administrations occidentales qui face aux accusations de propagation choléra en Haïti par les soldats de la Mission des Nations Unies, ne voulaient pas en rajouter une couche supplémentaire.
«Allégations très graves ou faits avérés»
La Commission caritative — institution britannique qui contrôle les organisations humanitaires — a dit dans un communiqué avoir reçu un rapport d’Oxfam en août 2011. Ce rapport mentionnait des « comportements sexuels inappropriés, des faits d’intimidation, de harcèlement et d’intimidation du personnel », mais n’évoquait pas des « abus portant sur des bénéficiaires » de l’ONG ni de « potentiels crimes sexuels impliquant des mineurs ». « Notre approche aurait été différente si tous les détails mentionnés par la presse nous avaient été communiqués à ce moment-là », écrit la Commission, qui a demandé à Oxfam de fournir des informations supplémentaires « de toute urgence ».
OXFAM finance le procès contre Habré et se fait payer en « nature »
La numéro deux d’Oxfam démissionne. Penny Lawrence, directrice générale adjointe de l’ONG, dans la tourmente en raison du scandale sexuel impliquant des responsables de l’organisation en Haïti, a démissionné lundi 12 février en apprenant que les mêmes faits ayant lieu au Tchad en 2006 allaient être divulgués. En effet, de nouvelles révélations concernant le Tchad surgissaient seulement deux jours après la divulgation de faits semblables en Haïti. Nouveau coup de tonnerre pour Oxfam, une fois de plus pointée du doigt pour un scandale sexuel, survenu cette fois au Tchad en 2006.
Des collaborateurs de l’ONG agissant « contre les injustices et la pauvreté » auraient également payé des prostituées lors de soirées au Tchad, révèle The Observer, la version dominicale du journal britannique The Guardian. « Des femmes que nous pensions être des prostituées ont été invitées à maintes reprises au quartier général d’Oxfam», selon les confidences d’un collaborateur de l’ONG. Un responsable a été licencié en 2006, selon un ancien employé. « Ils invitaient des femmes pour les fêtes. Nous savions qu’elles n’étaient pas juste des amies. Bizarrement, à cette même période, l’ONG britannique était l’une des plus actives dans la recherche de preuves et de soutien aux témoins pour traduire en justice l’ancien président Tchadien en exil à Dakar.
OXFAM était-elle consciente que ces collaborateurs au Tchad se faisaient « payer » en nature pour les services rendus dans le procès d’Hissene Habré. Avec ce scandale en Haiti, on peut s’interroger sur les mille et un manquements de ces ONG dans les différents théâtres d’intervention.
Ces ONG qui bénéficient d’une manne financière qui dépasse souvent le budget de certains pays pauvres, sont accueillies comme des messies dans les pays où la pauvreté est maitresse. OXFAM avait-elle le permis de tout faire au Tchad après avoir soutenu le financement du procès Habré ? Pourquoi les autorités de N’Djamena n’sont-elles enclenchées des poursuites contre ces délinquants ? Penser à une complicité de l’Etat Tchadien serait tout à fait légitime.
Des ONG sénégalais risquent de priver de financement car OXFAM est menacé par certains pays donateurs
Le ciel s’assombrit sur les finances de certaines ONG sénégalaises qui étaient régulièrement pourvues par OXFAM car depuis l’ébruitement de ces affaires, de nombreux donateurs ont décidé de suspendre leurs financements. Déjà, la Commission européenne a sommé lundi les dirigeants d’Oxfam de « faire toute la lumière » sur l’implication de ses membres dans ce scandale et a menacé de couper les financements de l’organisation. Oxfam a bénéficié de 1,7 million d’euros de financements européens en 2011, date des faits reprochés, a rappelé la porte-parole. Pour Bruxelles, c’est très inadmissible de financer des ONG qui ne respectent pas les droits humains. Dans un communiqué diffusé dimanche, la nouvelle présidente du conseil d’administration d’Oxfam, Caroline Thomson, a annoncé un ensemble de mesures visant à renforcer la prévention et le traitement des affaires d’abus sexuels. « Nous avons honte de ce qui s’est passé. Nous présentons sans réserve nos excuses », a déclaré Mme Thomson. Carole Thomsom a assuré qu’Oxfam avait fait de « grands progrès » depuis 2011 et qu’elle s’était engagée à en faire davantage encore, en particulier dans le recrutement du personnel. « Nous continuerons de nous attaquer aux problèmes culturels sous-jacents qui ont permis ce comportement », ajoute-t-elle. Oxfam a « maintenant une culture d’ouverture et de transparence, et nous tirons pleinement les leçons des événements de 2011 ».
Du coté du 10 Dowing Street, le ton est monté d’un cran avec des informations jugées « vraiment choquantes » par Downing Street. « Nous voulons qu’Oxfam fournisse toutes les preuves qu’ils ont des événements à la commission caritative pour une enquête complète et urgente sur ces allégations très graves », a dit un porte-parole de la première ministre britannique. Car Oxfam reçoit « moins de 10 % de son financement total » du département britannique chargé du développement international, a fait savoir samedi son PDG, espérant continuer à travailler avec le gouvernement.
Enquête interne ouverte, déjà quatre licenciements
Selon le Times, des groupes de jeunes prostituées étaient invités dans des maisons et des hôtels payés par Oxfam. Une source citée par le quotidien dit avoir vu une
vidéo d’une orgie avec des prostituées portant des tee-shirts d’Oxfam. Oxfam a assuré avoir ouvert immédiatement, en 2011, une enquête interne. Quatre employés ont été licenciés et trois autres ont démissionné, dont Roland van Hauwermeiren, avant la fin de cette enquête.
Pape Sane, journal Dakartimes du Mardi 13 février 2018