Y-a-t-il un mauvais sort jeté sur l’élection présidentielle en France ? On pourrait le croire, car c’est la seconde fois qu’un terrible scandale explose à quelques encablures de l’élection présidentielle et la bouleverse totalement, crée un séisme politique, médiatique et menace de compromettre les chances du candidat engagé dans la course au pouvoir.
Une chose est sûre, le Palais de l’Élysée, ces dernières années, est habité par des djinns, comme on dirait en Afrique. Flash black sur ces histoires invraisemblables qui ont suscité moult commentaires et dont l’action se déroule au cœur du Palais de l’Élysée.
Saison 1: Nicolas Sarkozy voit son couple avec Cecilia volé en éclats, à peine élu à la Présidence de la République. Cécilia le quitte, le couple divorce et à peine un mois, Sarkozy se met en couple avec un mannequin, Carla Bruni.
Saison 2 : François Hollande arrive et s’installe en couple sans être marié avec Valérie Treiweiller, puis la trompe avec une actrice Julie Gayet qu’il ira voir, le visage dissimulé derrière un casque, sur un scooter ! Nouvelle tempête médiatique, Valerie Treiweiller et Hollande se séparent, et, l’ex-épouse se vengera en écrivant un livre sur leur histoire.
Si avec tout cela, le Palais de l’Élysée n’est pas sous l’influence des djinns…
La Saison 3 commence avec un candidat marié avec une britannique, Pénélope Clarke. Une britannique future Première dame de France ! Décidément, la Saison 3 démarre très bien se dit-on, la presse anglaise est connectée à l’élection présidentielle Française, désormais largement commentée, et dresse le portrait de Pénélope Fillon. Femme discrète, évoluant sous l’ombre de son mari, effacée, calme, posée, et on pouvait penser que le Palais de l’Élysée allait vivre des temps plus reposants et calmes avec Pénélope. Mais les djinns qui se sont installés à l’Élysée, n’ont pas dit leur dernier mot.
Le 24 janvier 2017, le Canard Enchaîné révèle que François Fillon a recruté son épouse Pénélope comme assistante parlementaire pendant de nombreuses années mais que cet emploi est fictif et aura permis à l’épouse du candidat des Républicains d’encaisser 500.000 euros abusivement. Le Parquet financier de Paris ouvre une enquête. Le Penelope Gate ou l’affaire Fillon démarre.
La particularité de ces scandales politico-judiciaires c’est que, à chaque fois, une femme est au cœur de l’affaire. Dans l’affaire DSK, Anne Sinclair figure célèbre du paysage médiatique français, épouse de DSK, a vécu un véritable cauchemar médiatique, sa vie privée exposée sans complaisance, les frasques de son désormais ex-époux DSK furent étalées sur la place publique et abondamment commentées dans le monde entier. La récente affaire Fillon a vu une femme Pénélope, épouse de François Fillon, être celle par qui le scandale est arrivé. Le candidat François Fillon a été accusé comme député d’avoir fait profiter à son épouse d’un emploi fictif pendant plusieurs années. Les sommes annoncées sont importantes et la réalité du travail d’assistante parlementaire de Mme Fillon n’a pas été démontrée.
Le scandale a éclaboussé l’image politique mise en avant par le candidat Fillon basée sur l’éthique, la morale et la rigueur dans l’utilisation de l’argent public.
C’est donc comme épouses et compagnes d’hommes politiques et non pas actrices en politique que ces deux femmes se sont trouvées exposées à la vindicte populaire, aux critiques acerbes des uns et des autres.
La position des médias, les interventions des hommes politiques, les fluctuations de l’opinion publique tant sur le plan national qu’international, sont très révélatrices de la place des femmes dans les sociétés dites démocratiques.
Mme Pénélope Fillon a déclaré, après avoir observé un long silence, avoir été choquée du traitement médiatique: « Je ne suis pas une ignorante ni une idiote, je suis diplômée, j’ai fait des études en littérature anglaise et suis avocate « .
Ces paroles d’une femme qui se sent dévalorisée, meurtrie, prouvent que l’affaire Fillon a glissé en un Pénélope Gate, preuve s’il le fallait qu’elle serait désormais la cible principale de la cabale médiatique. François Fillon, homme politique qui l’a recrutée comme assistante parlementaire, a adopté la position de la défendre ! Par cette posture, il indiquait quelque part que son épouse a fauté plus que lui et qu’il venait à son secours, en lui réitérant publiquement son amour etc. « Pénélope n’a rien fait ! » s’est-il écrié sur un plateau de télévision sans dire toutefois que c’est lui qui est le seul responsable ou pour le moins, le principal responsable.
Pendant plus de deux semaines, au cœur de la tourmente, ces deux femmes n’ont rien dit, elles ont gardé le silence alors que tout le monde parle, leur entourage parle sans arrêt, disant tout et n’importe quoi.
Les femmes dans le monde politique n’ont pas exprimé grand chose; toutes les femmes qui connaissent Pénélope Fillon, et qui connaissaient Anne Sinclair, on ne les a entendues nulle part.
La conseillère en communication de François Fillon est Mme Anne Meaux, qu’a-t-elle eu à dire sur la situation de Pénélope Fillon ? Aucune stratégie de communication n’a été développée pour protéger l’image de Pénélope Fillon, bien au contraire, le Penelope Gate permettait de protéger le candidat de la Droite.
Conséquence, on remarquera que François Fillon n’a vraiment pas subi des pressions médiatiques et politiques fortes pour partir, pour s’effacer. Le Pénélope Gate a consisté à utiliser l’épouse du candidat comme un fusible, comme un bouclier pour ne pas compromettre les chances de l’époux candidat, un peu comme le Premier Ministre le sera à son tour pour se griller à la place du Président de la République une fois élu.
Et pourtant, on nous dit que le monde change, que les femmes progressent sans cesse. Force est de constater que ces deux situations exceptionnelles qui ont vu deux femmes, être au cœur des scandales, ont révélé l’archaïsme de la classe politique française, en grande partie, dominée par la gent masculine.
Ces deux femmes ont été lynchées parce qu’il est question de conquête de pouvoir, les femmes sont alors des instruments, utilisées et traitées avec violence et sans considération aucune. Le silence total des femmes politiques françaises, entre autres, Najat Vallaud Belkhassem, Rachida Dati, Valérie Pécresse, Roselyne Bachelot, Ségolène Royal, Chantal Jouanno, est révélateur de la fragilité de leur situation à la fois médiatique et politique. Quand le vent souffle violemment, la plupart des gens se mettent à l’abri sous un parapluie.
On peut faire le constat que le système de défense de Fillon a été aussi dans un second temps, de balayer d’un revers de main les accusations pourtant fort étayées de détournement de l’argent public en criant « au complot » pour l’empêcher de gagner, à « l’assassinat » de l’élection présidentielle. Ce système de défense totalement surréaliste a néanmoins été développé avec aisance par François Fillon. Il faut dire que ces dernières dix années, les nombreuses affaires judiciaires au sein de la classe politique ont démontré que le financement occulte, la fraude et la triche sont un sport national au sein de cette élite politique française.
Tout le monde s’accorde à dire aujourd’hui, que si l’affaire Fillon avait éclaté en Angleterre, aux Pays-Bas, en Norvège etc., M. François Fillon aurait quitté la scène de l’élection présidentielle depuis longtemps. Ainsi donc, il est évident que François Fillon ancien Premier Ministre et candidat à la Présidentielle, gagnant haut la main la primaire de la Droite, a engagé son épouse mais aussi ses enfants et leur a fait profiter d’un système existant et utilisé par beaucoup d’autres députés. Qu’en connaissance de cause, sa famille a profité de ses avantages en ayant conscience de la fraude.
La légalité de l’embauche d’un membre de sa famille par un député, ne signifie guère que l’emploi pouvait être fictif. La responsabilité première de cette fraude, en revient au candidat de la Droite François Fillon, le père la Morale, qui s’est fabriqué une image de candidat intègre, austère et honnête. Malgré les innombrables commentaires dégradants à l’endroit de son épouse, c’est lui qui, a aujourd’hui, fait du tord à son parti mais aussi à son pays, la France. Le regard des médias sur ces femmes mêlées à des scandales politiques, est révélateur de l’imaginaire dominant autant qu’il contribue à le construire. Les médias sont un creuset des représentations collectives.
En quels termes, les évoquent-ils ? Que nous disent-ils de l’articulation du masculin et du féminin au regard de l’évolution de la politique et face aux enjeux autour de la conquête du pouvoir ?
En cette journée du 8 Mars, que plus de femmes entrent dans la jungle du monde politique, même si les femmes ont montré des réticences à endosser des rôles politiques historiquement définis par leur exclusion et longtemps incarnés par les hommes, tel que l’a démontré cet affrontement au sommet entre un homme, Nicolas Sarkozy et une femme, Ségolène Royal lors de la campagne électorale française en 2007. Les médias ont sans cesse reproché à Ségolène Royal, sa faiblesse, sa féminité sans reprocher à Nicolas Sarkozy son hyper-virilisation et son inqualifiable agressivité qui sont restées d’ailleurs invisibles à la plupart des journalistes, commentateurs, observateurs hommes dominant les médias.
Pour revenir à l’élection présidentielle Française, une femme politique Marine LE PEN est aux portes de celle-ci et 1 Français sur 3 est prêt à voter pour elle nous dit-on, tandis que les Américains ont eux, choisi d’écarter une femme Hillary Clinton pour M TRUMP. En cette journée du 8 mars, continuons le combat pour la reconnaissance des droits des femmes.
La Rédaction de ZoomTchad