BILLET N° 2: PLAINTE CONTRE LE PROCUREUR LUIS MORENO OCAMPO POUR LE VIOL D’UNE JOURNALISTE SUD –AFRICAINE. LA CPI DANS LA TOURMENTE…
La CPI qui se voulait universelle a, dans la réalité, engagé pendant ses neuf premières années, des procédures contre le seul Continent Africain. La CPI est-elle une Cour raciste?
Incontestablement, elle l’est, étant donné le tri sélectif opéré dans les poursuites et les personnes ciblées. Son racisme s’est révélé au grand jour par la mise à l’écart des plaintes contre les États-Unis, contre Israël, contre la Belgique etc… Elle a ignoré les plaintes concernant Guantanamo, Abou Graïb,la bande de Gaza etc. En dix années d’activités, un seul verdict a été rendu, c’est vraiment un échec lamentable.
L’opinion publique suivait l’entrée en action de la CPI par les interventions médiatiques du Procureur Ocampo, arrogant et l’injure à la bouche, traitant comme il lui plaisait, les dirigeants africains ciblés. Il a ainsi comparé le Président El Béchir du Soudan à Hitler, accusé Kadhafi d’avoir importé par conteneur du Viagra pour organiser des viols massifs des femmes appartenant aux familles des révoltés contre son régime. Un montage grossier mais quand même relayé à satiété par les médias occidentaux.
Le Procureur Ocampo qui s’adressait au monde au nom de la CPI est un personnage qui avait bien compris sa mission.
Il lançait des mandats d’arrêt sans preuve, affirmait n’avoir pas besoin d’enquêtes, se déclarait comme l’un des hommes les plus puissants de la planète.
Dans le billet n° 1, nous avons évoqué des départs de son cabinet, à cause des méthodes illégales et expéditives utilisées comme par exemple; demander à un de ses collaborateurs de se déguiser en journaliste pour piéger un suspect, ou encore renvoyer tous ceux qui dénonçaient ses pratiques et osaient lui demander de s’expliquer. Il les traitait de « complices des criminels ».
Au Conseil de Sécurité, lors de la séance d’examen sur la situation au Darfour, l’Ambassadeur du Soudan fit une intervention détaillée sur les manquements de la CPI, dénonça le lancement des mandats d’arrêt sans preuve et l’absence totale d’enquête de la part du Procureur Ocampo. Réponse de Ocampo : « M. l’Ambassadeur du Soudan, nier l’existence des crimes au Darfour, comme vous le faites, peut être considéré comme une contribution à ces crimes ! »
Ocampo était obsédé par son image qu’il cherchait avant tout à peaufiner et polir. Il engagera des agences de communication, assistera au Forum de Davos, aux conférences de la Banque Mondiale, s’entoure de stars américaines. Pour travailler, il collabore activement avec les ONG chargées de lui « apporter les preuves » dont il a besoin.
Le Procureur mène la vie dure à ses collaborateurs; opposition avec le greffe, avec les enquêteurs recrutés mais qui ne font pas des enquêtes malgré les salaires mirobolants, nombreux d’entre eux, excédés et indignés, démissionnent de leurs fonctions.
Et pourtant, le ciel va s’assombrir et les nuages s’amonceler au-dessus de la tête du tout puissant et arrogant Procureur Ocampo, en ce mois d’octobre 2006. Le monde vacille sous ses pieds quand son porte-parole Christian Palme dépose une plainte contre lui pour le viol d’une journaliste Sud- Africaine. Il saisit le bureau de la CPI, demande une enquête interne et la révocation du Procureur Luis Moreno Ocampo.
Incroyable! L’homme qui voulait mettre à genoux les dirigeants africains, celui qui était chargé par les Européens de solder leurs comptes dans leurs ex-colonies, cet homme a fait l’objet d’une telle affaire!
Qui en a entendu parler ? La loi du silence total, dans les médias européens, médias francafricains, silence complice des ONG internationales spécialisées dans la publication de rapports truqués sur les pays africains. Tous complices, HRW, Amnesty International, FIDH, tous se sont entendus pour étouffer ce scandale. Voilà où va se nicher le racisme!
C’est l’occasion pour nous avec cette affaire, d’attirer l’attention de nos lecteurs, sur la question de l’information. Constatez avec nous qu’on dit souvent que le développement extraordinaire des moyens de communication (internet, téléphonie, réseaux sociaux) ont contribué et aidé à l’accès à l’information. Bien au contraire, on n’a jamais été aussi peu et/ou mal informé que de nos jours. Pouvoir exprimer une opinion sur un support accessible par un grand nombre de personnes, ne signifie pas accéder à l’information.
L’information concernant ce scandale impliquant le Procureur Ocampo, l’homme qui a incarné le plus, l’arrogance et l’injustice de la CPI, se présentant toujours irrévérencieux, a été révélée dans un ouvrage paru en 2010 dont l’auteur est un journaliste camerounais Charles Onana, intitulé »: Darfour, la Contre – enquête « . En 2016, une journaliste française écrit un livre sur la CPI et fait cas aussi de l’affaire de la plainte pour viol contre le Procureur Ocampo. Donc plusieurs années après les faits.
Revenons sur les faits, relatés en page 388 du livre précité. Nous sommes le 28 mars 2005, Ocampo est dans un vol de la Malaysian Airlines à destination de Cape Town en Afrique du Sud pour assister à une conférence sur la justice pénale internationale. Ce qui suit est relaté dans une plainte officielle déposée par M. Christian Palme, journaliste suédois recruté comme attaché de presse de Luis Moreno Ocampo, Procureur de la CPI.
Une journaliste Sud-Africaine a rendez vous, ce jour là, avec le Procureur de la CPI. Elle vient pour une interview bouclée avec le porte- parole de la CPI, M Yves Sorokobi et inscrite sur l’agenda de Ocampo. (M. Sorokobi confirmera aux enquêteurs de la CPI, ces faits). Après l’interview, la jeune dame part à la plage, Ocampo la suit malgré elle. La journaliste appelle alors, le porte parole de la CPI à New York pour dénoncer l’attitude de Ocampo et demande une intervention car elle ne veut aucune implication personnelle.
Sur place, Ocampo s’empare des clés de la voiture de la journaliste, l’obligeant à le suivre pour récupérer ses clefs et pouvoir rentrer chez elle. »
Les déclarations de la journaliste Sud-Africaine sur le drame qu’elle a vécu, ont été recueillies et enregistrées par le porte-parole de la CPI et qui a ensuite mis au courant l’attaché de presse de Ocampo.
Totalement choqués et bouleversés, les deux collaborateurs de Ocampo sont scandalisés et Christian Palme décide de déposer une plainte devant la CPI pour faute lourde du Procureur Ocampo qui a, « par son comportement dans l’exercice de ses fonctions officielles, nuit gravement à la bonne administration de la justice, que ce comportement était d’une gravité telle qu’il nuit au prestige de la Cour, en commettant le crime de viol ou d’agression sexuelle sur la personne de xxxx, il devrait être révoqué par l’Assemblée Générale des États parties »
La bombe éclate au sein de la CPI désormais saisie officiellement. Christian Palme est bien conscient de la gravité de cette affaire, mais aussi des enjeux pour la Cour, des pouvoirs énormes du Procureur et de ses nombreux soutiens au sein de la CPI.
Pour juger cette affaire, un panel de trois juges est mis en place pour examiner la recevabilité de cette affaire.
Le 8 décembre 2006, la plainte est rejetée, jugée non fondée.
Et, la suite de la décision est tout simplement extraordinaire. Les trois juges vont demander au Président de la CPI de » rassembler et remettre toutes les copies des enregistrements sonores entre la journaliste victime et le porte-parole de la CPI, pour destruction. » !!!
Incroyable! Les juges de la CPI n’ont pas choisi la voix de la justice pour enquêter sur cette affaire. Bien au contraire, ils ont choisi la voie la plus sûre pour détruire des éléments de preuve, mettant ainsi à l’abri le Procureur Ocampo contre toutes poursuites ou sanctions disciplinaires!
Ocampo enrage, une fois rassuré par ses amis juges de la CPI, il va exiger et obtenir le renvoi de son attaché de presse Christian Palme, l’homme qui a eu le courage de dénoncer ses abus. Le 13 avril 2007, ce dernier reçoit une lettre lui annonçant son licenciement sans préavis pour faute lourde.
Christian Palme ne se laisse pas intimider et saisit le Comité consultatif de discipline de la CPI qui doit se prononcer sur la légalité de son licenciement par Ocampo.
Le 18 juin 2007, le Comité donne raison à Christian Palme au motif « que le procureur Ocampo ne pouvait prendre part à la décision de son licenciement et que l’intention malveillante de l’attaché de presse, n’a pas été démontré par Ocampo. »
Ocampo déclare se moquer éperdument des recommandations du Comité et par courrier le 13 juillet 2007 le fait savoir à M. Palme et confirme son licenciement sans préavis.
Nouvelle contre-attaque de Christian Palme, il saisit le Tribunal Administratif de Genève, c’est-à-dire le tribunal administratif de l’organisation internationale du Travail, institution spécialisée des Nations Unies (OIT), de son licenciement abusif et réclame des dommages et intérêts.
Le 9 juillet 2008, le Tribunal administratif annule la décision de licenciement et condamne la Cour a payé 242.000 euros à M Christian Palme. La CPI s’empresse de payer sur le budget de la Cour, les errements de son Procureur. Le budget constitué par les États parties, il faut le préciser.
Toutes les agences de communication enrôlées par la CPI qui ont travaillé comme des dingues pour étouffer ce scandale, se remettent au boulot avec un seul mot d’ordre : Il faut brûler cette info de la condamnation par le tribunal administratif de l’OIT, car le risque que le verrou sur l’affaire du viol de la journaliste saute, est grand.
Et bingo! Six jours après, exactement le 14 juillet 2008, Luis Moreno Ocampo organise une grande conférence de presse où tous les diplomates et ONG de la terre sont invités et il annoncera sa demande d’un mandat d’arrêt à la Cour contre le Président Soudanais El Béchir.
Et arriva ce qui devait arriver, nous fûmes gavés de commentaires médiatiques sur le « courage et le professionnalisme » de Ocampo. Neuf mois plus tard, le 9 mars 2009, trois juges de la Chambre Préliminaire lancent un mandat d’arrêt international contre le Président El Béchir du Soudan.
Voilà comment fonctionne la CPI, avec des juges qui détruisent des éléments de preuve au sujet d’un comportement infâme du Procureur Ocampo, qui ont protégé Ocampo, l’ont gardé à son poste, et préféré payer des indemnités sur son budget émanant des contributions des États parties. Tout ceci sans que l’affaire ait été portée à l’Assemblée des États parties. Ce scandale a été géré et étouffé par les pays occidentaux qui ont créé la CPI, la contrôle de bout en bout et la manipule au gré de leurs intérêts.
Cette affaire Ocampo démontre que le rôle du Procureur de cibler, avant tout, les dirigeants africains, est le socle sur lequel il est assis, car si tel n’était pas le cas, des dénonciations seraient venues de toutes parts pour le dégager après cette affaire de viol. Sa mission s’assimile à celle des légionnaires qui chantaient à tue-tête en défilant dans les rues Africaines « Nous sommes là pour casser du Nègre! »
La Rédaction de ZoomTchad