le 8 février 2016, une jeune lycéenne Zouhra Mahamat Yosko est enlevée par 8 jeunes adolescents appartenant à la classe militaro-politique du régime d’Idriss DEBY.
Fils de « généraux » pour 5 d’entre eux, le sixième étant le fils du Ministre des Affaires Etrangères du Tchad M. Moussa Faki Mahamat, les 2 autres sont des fils d’opérateurs économiques. Ils sont tous de l’ethnie Zaghawa, clan au pouvoir depuis 25 ans au Tchad.
Brutalement jetée dans leur véhicule à vitres teintées, Zouhra sera conduite dans la périphérie de la Capitale, violée par les 8 hommes mais aussi filmée, elle sera ensuite abandonnée à elle-même. La famille déposera une plainte au commissariat de police, aucune suite ne lui sera donnée compte tenu de l’identité ethnique des criminels et des positions occupées par leur famille au sein du pouvoir DEBY…
Quelques jours plus tard, un site Internet tchadien dévoile l’affaire; immédiatement, les violeurs balancent sur le net les vidéos du viol et exposent la nudité de cette jeune fille, ses pleurs, des images absolument insoutenables. On apprend à travers cette vidéo que cette bande lui reprochait « de ne pas les saluer, de se mettre dans son coin, loin d’eux. Elle les supplie de la tuer après… quand ils auront fini… grosses rigolades : « si tu parles, on met sur Facebook la vidéo… ». Viol suivi donc d’un odieux chantage à la publication sur le net des vidéos du viol.
Quand la violence d’une bande de délinquants, de véritables racailles, est parfaitement assumée et les voilà qui élaborent même un schéma pour garantir leur tranquillité mais aussi s’assurer de la possibilité de continuer à violer d’autres jeunes filles en toute impunité. Un film d’horreur qui se passe au Tchad, pays de la soi-disant « Renaissance » selon la propagande du régime en place et en plein cœur de Ndjaména, la prétendue vitrine de l’Afrique Centrale.
De nombreux policiers proches de l’enquête ont fait savoir que sur les téléphones portables et tablettes de ces détraqués, des centaines de photos de jeunes filles dans des situations d’agression ont été trouvées. Ce gang de violeurs a donc commis de nombreux autres viols. Absolument fou !
Zouhra venait de rejoindre la très longue liste de jeunes filles victimes de rapt, de viols en raison de leur appartenance à des ethnies ciblées par le clan des Zaghawa au pouvoir.
De nombreux articles ont toujours dénoncé ces pratiques. Nous l’écrivions et le dénoncions dans tous nos articles et dossiers sur le régime DEBY, comme dans cet extrait d’un spécial « Zoom sur le régime DEBY ».
Extrait : « Du viol comme arme de guerre »
« Eh oui ! C’est aussi le cauchemar vécu par les familles tchadiennes. Tout le monde en parle au Tchad où les gens n’ont que leurs yeux pour pleurer en ce qui concerne les femmes, tandis que les hommes, la rage au cœur et au ventre en sont mortifiés.
Jamais auparavant au Tchad, le viol et le rapt quasi quotidien de jeunes filles – comme c’est le cas sous le régime Deby – n’ont été pratiques pour exprimer la brutalité d’un pouvoir afin de soumettre et d’humilier certaines franges de la population. Ce cauchemar qui est devenu le quotidien des Tchadiens, se déroule à N’djaména, à Faya, à Moundou, à Sarh, à Abéché, à Moussoro, dans les hameaux périphériques de N’djaména, dans les campements des arabes nomades où de toutes jeunes filles sont kidnappées et violées. Comment de tels faits aussi dramatiques et ignobles sont passés sous silence par l’ensemble de la diaspora tchadienne qui a pourtant des possibilités d’alerte et de dénonciation de tous ces actes criminels ? ». C’est ce que nous écrivions le le 28 mars 2010.
Le viol collectif infligé à Zouhra est l’œuvre de petites crapules de l’ethnie Zaghawa, leur appartenance à l’ethnie d’Idriss Deby est suffisante pour qu’ils soient des intouchables, et si en plus, ils sont issus de la galaxie militaro-politique du régime DEBY, imaginez…
Ces jeunes de cette caste au pouvoir succèdent et remplacent leurs pères dans leurs sales besognes. Au pouvoir depuis 25 ans, Idriss DEBY a montré lui-même la voie et ainsi dévoilé ses pratiques de viol, par des enlèvements de jeunes filles par sa garde Présidentielle et leur séquestration dans son jardin, par la sélection et le rapt de jeunes filles sur recommandations de fétichistes etc…
L’affaire Zouhra a suscité comme jamais une grande émotion et une indignation au sein des populations tchadiennes, de la jeunesse en particulier et des femmes surtout.
Elle a servi d’exutoire à tant d’humiliations, de violences encaissées par de millions de Tchadiens. Vidéos, déclarations par centaines et centaines ont circulé, des manifestations, dans la capitale, dans plusieurs villes du Tchad, un jeune tué lors de celles-ci. Des Tchadiens et des tchadiennes ont exprimé leur ras-le-bol, en parlant avec leurs tripes, pour vomir les Zaghawas et leur violence d’Etat organisée, planifiée et exécutée en toute impunité.
L’affaire Zouhra a permis à beaucoup de personnes de vider leur trop plein de colère amassée et contenue pendant de nombreuses années. Une conscience citoyenne a émergé autour de la dénonciation du viol comme arme de répression, mais aussi, les gens ont demandé que justice soit rendue à Zouhra et au jeune Abachou.
Le viol ethnique, violence d’Etat, violence organisée par un pouvoir peut-il être puni par ce même pouvoir ? C’est la question de fond, il ne l’a pas été durant 25 années…
Des centaines et des centaines de messages vidéo, audio ont été réalisés, diffusés, relayés dans le monde entier au sein de la diaspora tchadienne. Peut-on faire semblant d’ignorer tout ce qui a été dit haut et fort par tout ce monde ? Un jeune de 16 ans Abachou y a perdu la vie en manifestant, lui aussi, son indignation devant l’insulte faite par le régime d’Idriss DEBY qui a traîné la jeune Zouhra devant les caméras de la Télé-Tchad en compagnie de son père humilié pour qu’elle dise qu’il n’y a pas eu viol. C’est dire l’enjeu pour ce régime devenu une République de violeurs et de voleurs, résolu à tout mettre en œuvre pour sauver ces ignobles crapules.
Ces messages d’indignation et de colère ont mis le doigt sur la difficile cohabitation entre les zaghawas et certaines communautés, c’est que de tous temps, les autres communautés ont vu, en eux, des personnes dont les pratiques les choquaient profondément. Dans ces communautés d’éleveurs, de nomades ou de sédentaires, la possession d’un cheptel composé de bœufs et/ou chameaux symbolise la richesse personnelle, familiale mais aussi l’indépendance financière, l’autonomie d’un groupe, synonyme de fierté. Indépendance et autonomie ne signifient pas autarcie, car les différentes communautés circulent dans l’ensemble du territoire et échangent et font du commerce avec les autres groupes. Autrement dit, dès que les hommes circulent, échangent, il y a aussi des brassages, des mariages tout cela est bien régulé.
Par rapport aux Zaghawas, les autres groupes ne partageaient pas leurs pratiques : comme par exemple, le fait qu’un homme à la mort de son père peut prendre ses épouses et se retrouver ainsi à faire des enfants avec la femme de son défunt père. Cette pratique contraire à l’Islam explique le refus des autres groupes à donner leurs filles en mariage aux Zaghawas, sans compter que dans cette civilisation du cheptel, les Zaghawas ne possèdent pas de richesses à eux, ni bœufs ni chameaux, ils n’ont que des ânes, et leurs enfants sont élevés avec le lait de l’ânesse. Quand on connait le statut et l’image de l’âne dans nos sociétés, comme dans beaucoup d’autres… on prend conscience du fossé… et des préjugés.
Il est indéniable que ce mépris des autres a laissé des traces dans le subconscient de certains Zaghawas. Une fois, installés dans une position de pouvoir et de puissance, ils cherchent désespérément à gommer, à effacer, à prendre en quelque sorte une revanche sur les préjugés qui les entourent, sur leur situation financière et on les a vus être de véritables rapaces, être insatiables : se venger de leur histoire, la réécrire autrement par la force, par l’argent mais aussi par le sang. Essayer d’assouvir une soif sans fin… Travail herculéen quand on sait qu’il faut remonter à la nuit des temps …
Des actes de brutalité, de violence sur une jeune fille par 8 hommes ne peuvent pas effacer ce que les gens pensent d’eux; c’est impossible parce que cela est inscrit dans la mémoire collective. C’est pourquoi, ils continuent à violer encore et encore… une errance pour des détraqués, ivres d’arrogance vaine, lourdement à terre, marqués socialement, eux aussi, à jamais…
Après 25 ans de règne, d’abus de toutes sortes, cette bande de voyous représente bien le profil de la jeune génération zaghawa qui a succédé à leurs « généraux » de père ou ministres.
Ce sont tous des ratés scolaires, avec de faux diplômes, ils sont installés dans des postes juteux, impliqués dans toutes sortes de trafics, obtenant des marchés, vendant des bons de commande. A 25 ans, ils ont déjà plusieurs épouses et se concurrencent quant aux nombres de milliards, de femmes, de voitures, de maisons, de voyages etc… Pour la plupart, ce sont des alcooliques et des drogués, se shootant à mort chaque soir, ils partent à la chasse aux jeunes filles dans la Capitale, à l’occasion des cérémonies des mariages, dans les lycées etc… Rapts sur la voie publique en plein jour, pièges et kidnapping. L’affaire Zouhra a été pour l’opinion internationale une descente dans les caniveaux et les bas-fonds du pouvoir d’Idriss DEBY et de son clan.
Les centaines de messages vidéos, audios ont mis à jour que, pour certains zaghawa, le symbole d’une réussite s’extériorise par le mariage avec une femme non Zaghawa et le constat est bien là. Le phénomène a pris une telle ampleur que la sœur d’Idriss DEBY, décédée récemment, Ittir était allée voir Idriss DEBY pour lui dire que, plus d’une cinquantaine de femmes Zaghawa sont venues lui dire la chose suivante : » Tous les jeunes Zaghawa n’ont qu’un seul rêve : c’est épouser des femmes d’autres ethnies. Qui va épouser nos filles alors ? Notre race mélangée à d’autres, va disparaître car les mamans non Zaghawa feront de leurs enfants des non Zaghawa.« . Et Ittir de dire à Idriss DEBY : « Il faut arrêter cela et obligé tous nos jeunes à prendre d’abord une épouse Zaghawa, les marier de gré ou de force » et d’ajouter : « Ils suivent tous ton exemple, tu dois montrer la voie le premier.« . Sitôt dit, sitôt fait comme chacun a pu le constater. Idriss DEBY a pris deux épouses Zaghawa à Amdjaress, et toute la progéniture de la classe militaro-politique qui se positionne pour profiter indûment de toutes les richesses du pays, s’est pliée rapidement à ce mot d’ordre ethnique tout en continuant à sillonner les rues de la Capitale pour enlever, séquestrer et violer des jeunes filles.
L’accession au pouvoir des Zaghawa fut synonyme de richesse et de puissance; aussi ils se sont très vite fait remarquer en prenant des épouses à prix d’or. Ce qui est naturel pour un autre, ne l’était pas pour eux, il fallait décaisser des sommes folles pour avoir des épouses dans d’autres ethnies.
Parvenus au pouvoir, ayant amassé fortune, ils ont voulu gommer leur histoire : devenir et montrer qu’on n’est plus pauvre (achat de troupeaux entiers de chameaux et de bœufs), d’importants biens immobiliers, parvenir à épouser celles qui étaient hors de portée pour eux auparavant.
Alors cette logique d’accaparement de biens matériels, met en mouvement une violence inouïe de la part de ces gens. Dans leur subconscient, la femme, les filles des autres groupes, celles appartenant à ceux que l’on veut dominer, soumettre sont le socle de l’honneur de leur famille, du groupe et il faut les toucher pour casser la fierté, l’honneur d’une famille mais au-delà, c’est le groupe dans son entité qui est visé, qui est la cible. L’enjeu du viol ethnique, c’est casser le groupe ethnique, c’est montrer aux hommes de ce groupe qu’ils sont impuissants à défendre leurs filles et leurs femmes.
Cela fait 25 ans qu’ils violent les femmes et jeunes filles de groupes ethniques ciblées, de père en fils, ils sont des violeurs, ils continuent de le faire car ils lisent quotidiennement dans les yeux des gens, rien que la haine et le mépris. La rage au cœur, 25 années de viols sans que finalement le regard des autres sur leur communauté ne change, bien au contraire. Ils cherchaient le respect avec l’argent volé, avec les femmes achetées à prix d’or mais ils n’ont obtenu que la haine et le mépris. Leurs enfants bourrés d’argent volé ne sont finalement que des ratés, drogués, dépravés, violents, violeurs enfermés dans une folie quotidienne qui a finalement montré au monde entier, la face hideuse du régime d’Idriss DEBY…
On a entendu quelques petites voix dire qu’il ne faut pas mettre tous les Zaghawa dans le même sac. Mais la question n’est pas là, il s’agit plutôt de souligner et de faire le constat qu’aucune voix Zaghawa ne s’est élevée pour dénoncer les crimes, spoliations et violences subies par les jeunes, hommes, femmes et jeunes filles depuis 25 ans. Tout comme aujourd’hui le discours des autres délinquants zaghawa sur le net au sujet du viol de Zouhra, c’est de dire : « Nous sommes vos maîtres, vos femmes sont nos femmes, on les prendra de force, battez-vous si vous le pouvez.. ». Depuis 25 ans, y a t-il eu des jeunes filles Zaghawa enlevées, séquestrées et violées ? Non !
Que des personnes aient donné leurs filles à des Zaghawas, c’est leur choix, quelles que soient leurs motivations qui sont, pour l’essentiel, d’ordre financier, mais qu’elles assument et ne nous racontent pas des histoires. Que d’autres appartenant à d’autres groupes, essayent de s’assimiler à ce groupe parce que politiquement c’est une bonne affaire, et c’est la raison pour laquelle, elles tiennent un discours d’apaisement, dénoncent l’amalgame mais oublient d’apporter leur soutien à Zouhra et à d’autres victimes, et de réclamer justice pour elles, tout comme, ces personnes ferment les yeux sur l’absence de toute condamnation de la part des zaghawas de cette abomination qu’est le viol.
Ce viol collectif subi par Zouhra n’est pas un fait divers, ce n’est pas un acte isolé d’une bande de délinquants, les autorités politiques ne l’ont jamais considéré comme tel, c’est pourquoi elles ne veulent pas le punir, sévir contre cette violence. C’est une violence d’Etat exécutée par les bras armés de ce pouvoir et c’est dans cette logique que cet État veut les protéger, ne veut pas les punir parce que c’est une politique pensée, diffusée, apprise, exécutée par toute une chaîne de membres du groupe, chargée de la mettre en œuvre pour assurer la suprématie des Zaghawa, laquelle est synonyme de garantie pour la pérennité du pouvoir d’Idriss Deby.
Au finish, tous les membres du groupe sont à l’image du chef qui les a imprégnés de son idéologie qui s’articule autour de multiples formes de répression et d’accaparement de toutes les ressources financières générées par le pays. Et c’est imprégner de ces pratiques qu’il les a rassemblés autour de lui pour asseoir son pouvoir, et par conséquent, en toute logique, il se dresse pour les protéger et les absoudre de tous leurs crimes.
Ce qui prouve que les viols ethniques sont une politique du pouvoir, c’est le lourd silence de la classe politique tchadienne, des députés, des multiples associations, des maires, des chefs traditionnels, des responsables des communautés religieuses…
Silence très grave aussi des femmes tchadiennes appartenant à l’Assemblée Nationale, des femmes militantes de la cause féminine dans différents secteurs d’activités.
Toutes ces personnes et responsables vivent au Tchad, sont parfaitement conscientes que l’Affaire Zouhra a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase, au sujet d’une violence subie par de nombreuses jeunes filles et leurs familles abandonnées à leur sort, sans défense, entre les griffes d’un groupe au pouvoir.
Toutes ces personnalités se taisent parce qu’elles savent que le cas Zouhra n’est pas un fait isolé et l’œuvre de petits délinquants. Le viol ethnique est une politique pensée et exécutée par une violence d’Etat. Aujourd’hui, les membres de la famille, de l’ethnie et du clan d’Idriss Deby ont pris possession de toutes les ressources du pays et pour la majorité, ce sont des Zaghawa qui appliquent cette politique de répression sur les populations et des groupes ethniques bien ciblés.
Quand un régime articule et construit la consolidation de son pouvoir par l’humiliation de groupes ethniques bien précis, il mobilise sa communauté pour être les bras exécutant cette politique de violence, celle-ci ne peut se dédouaner compte tenu de sa participation massive à ces crimes odieux. On n’a jamais entendu un seul cadre ou intellectuel Zaghawa se démarquer ou dénoncer les viols massifs dont les jeunes filles de certaines ethnies en sont victimes, les meurtres, les humiliations, lots quotidiens des populations.
Depuis une semaine, l’ensemble de la diaspora tchadienne, le Tchad tout entier sont choqués et meurtris par cet acte de barbarie, ce viol collectif de Zouhra. Et depuis une semaine, de la part du régime, aucune réponse normale n’a pu être donnée à cet acte inqualifiable. La première réaction du pouvoir a été de commettre un autre viol, celui exercé sur la conscience de la jeune Zouhra en faisant pression sur elle pour qu’elle se présente à la Télé-Tchad accompagnée de son père humilié et déclaré n’avoir subi aucun viol. Du jamais vu ! Nulle part au monde, on n’a vu une telle violence, un tel mépris de l’autre. Suprême humiliation ! Où a t-on vu un État se mobiliser, le ministre de l’intérieur se précipiter pour aller faire pression sur la famille d’une jeune fille violée par 8 délinquants! le DG de la police politique agir pour neutraliser les actions d’indignation et obtenir que Zouhra se déplace jusqu’à la télévision nationale pour dire à la face du monde, qu’il ne s’est rien passé, qu’il n’y a pas eu de viol, qu’il faut que les jeunes lycéens arrêtent de manifester ! Alors même que les vidéos sont là dans toute leur horreur, balancées sur le net par les violeurs eux-mêmes !
Par cette démarche incroyable, d’une insoutenable cruauté, les autorités politiques venaient d’avouer quel est leur camp : il est celui des violeurs. Les autorités venaient aussi d’avouer qu’elles ne considèrent pas l’affaire Zouhra comme un fait divers, c’est -à- dire un cas isolé. Non, pas du tout, le pouvoir Deby et ses démembrements, à savoir les membres du gouvernement, Mme Hinda Deby Itno, se sont tous mobilisés pour venir en aide à ces criminels. Hinda Deby a démobilisé par ses manœuvres indécentes les associations de femmes tchadiennes pour qu’elles gardent le silence. Et ce fut fait, honte à elles !
De même, les femmes députés, les avocates, les magistrates, les femmes des partis politiques, sont toutes restées muettes parce qu’elles savaient très bien, que cette bande de violeurs en série était le symbole de la caste des Zaghawas au pouvoir qui utilisait le viol comme une arme de répression, de soumission. Toute cette classe politique avait bien constaté que tous les moyens de l’Etat étaient mis en œuvre pour dédouaner ces voyous de leurs crimes. Et cette classe politique s’est couchée lamentablement.
Ces voyous sont à leur image, sont leur reflet dans la glace et c’est la raison pour laquelle, il faut les tirer de là. Pour Idriss DEBY, pour les femmes et les hommes de son régime, pour son épouse Hinda, Zouhra n’existe pas, sa douleur n’existe pas. Zouhra n’a pas d’importance, elle n’est rien à leurs yeux. Pour leur cerveau formaté à la discrimination ethnique, Zouhra appartient à ces groupes « secondaires », alors quelle que soit la violence qu’elle a subie, il est hors de question de lui reconnaître cela. Le groupe des Zaghawa doit, en toute circonstance, être au-dessus des autres, quelles que soient leurs fautes, leurs crimes, ils doivent rester et demeurer intouchables.
C’est enfermé dans cette logique froide et sordide que ce pouvoir a donné naissance à des monstres pareils, sans repères, sans éducation, sans aucune morale. Ce pouvoir d’Idriss Deby a couvé, alimenté, fait grandir en son sein et sous sa protection ces jeunes, pur produit du système politique mis en place. Le régime d’Idriss Deby a organisé une gestion concertée et collective du pouvoir autour des Zaghawa comme noyau central. Autour de ce noyau central, d’autres groupes sont appelés à contribuer et reçoivent les subsides pour leur participation.
Idriss Deby a mis au centre de son pouvoir les Zaghawa, et une idéologie bien précise.
Que dit cette idéologie ? D’abord, elle s’articule autour d’un objectif principal : la conservation du pouvoir à n’importe quel prix. Pour ce faire, il s’agit de privatiser l’ensemble des ressources financières du pays au profit de la famille et du clan des Zaghawa. C’est pourquoi, on les a surnommés les rapaces.
Ensuite, pour Idriss Deby, les Tchadiens se gouvernent par la répression, une féroce répression. Liquidations des leaders politiques, bastonnades, humiliations, emprisonnements et appauvrissement des groupes réfractaires en qui, confiance n’est pas accordée. Et malgré cette logique d’accaparement et de répression, malgré la confiscation et la spoliation des biens des autres et malgré une richesse accumulée, entassée jusqu’à des montants insoupçonnés, malgré tout cela, les hommes du pouvoir et leur progéniture ne se sentent pas en sécurité. Ils estiment que la capacité de riposte des autres groupes est là, malgré l’ampleur de leur répression.
Complètement saoulés, ivres par toutes sortes d’abus, ils sont à la recherche éperdue de considération, de respect, de salutations, et que sais-je encore. Les échanges entre Zouhra et ces violeurs ont mis à jour les motivations de ces bandits, à savoir « qu’ils lui reprochaient de ne pas les saluer, de les ignorer, de les éviter…« . Et cela mérite une punition ! selon le cerveau drogué de ces vermines. C’est l’expression d’une arrogance qui a atteint son summum quand l’agresseur réclame à sa victime de l’aimer malgré la terreur qu’il lui inspire. Voilà les types de personnes que l’Etat tchadien, le gouvernement tchadien défend, manœuvre pour les tirer d’affaire.
Dénonçons aussi le silence des ONG internationales militantes des soit – disant droits de l’homme, leur mutisme coupable et scandaleux. Malgré une mobilisation, des manifestations dans plusieurs villes du Tchad, la mort d’un jeune de 15 ans, on n’a pas entendu Amnesty International dont la direction Afrique de l’Ouest et Afrique Centrale est confié à Alioune Tine : une veille connaissance de DEBY dans l’affaire Habré. De même, HRW qui se mobilisait pour la cause des homosexuels tchadiens, s’est écrasée et a détourné le regard du drame vécu par Zouhra pour garder un profil bas, honteux et complice du régime Deby avec lequel HRW a travaillé main dans la main dans l’affaire Habré. Entre amis… connivence, mensonges et duplicité.
Que dire des chancelleries occidentales présentes au Tchad, silence radio aussi ! Un véritable scandale quand on sait que plusieurs chancelleries européennes ont à leur tête des femmes qui n’ont pas bougé le petit doigt, ni exprimé une quelconque indignation, ni soutien devant l’émotion et la mobilisation sans pareille des populations tchadiennes dans de nombreuses villes du Tchad. Leurs discours sur les principes démocratiques et les droits de l’homme n’étaient qu’un simple vernis. Leur silence honteux prouve encore une fois que oui, le viol de Zouhra n’est pas un acte isolé perpétré par une bande de crapules mais bel et bien un viol ethnique pratiqué et utilisé par les Zaghawa pour dominer et humilier depuis plus de 25 années des franges de populations civiles sous la parfaite connaissance et le cynisme froid de ces Excellences, donneuses de leçon.
Les Tchadiens ont compris ce cynisme et se sont mobilisés avec leurs moyens, leur engagement en marchant, en tombant, en criant leur colère, leur révolte et leur indignation mais aussi et surtout, ont levé la tête et dit NON à ce régime pourri, et n’ont pas attendu une soit-disant communauté internationale qui, par son silence s’est assise aux côtés des violeurs, aux côtés de ce régime honni et vomi par une écrasante majorité de Tchadiens.
Zouhour signifie en arabe beauté, éclat. Si sa beauté a attiré une troupe de loups avides et affamés, qu’ils soient maudits. Sa douleur a touché les cœurs de milliers de Tchadiens et de Tchadiennes qui l’ont soutenue et défendue avec éclat, de toutes leurs forces contre les hurlements de cette meute. Elle a voulu mourir ce jour-là et pourtant, cette souffrance a donné naissance et a permis l’émergence d’une conscience citoyenne qui a rassemblé les Tchadiens de toutes origines autour de sa cause. Une cause reflétant à bien des égards, leurs tourments quotidiens au sein de la tyrannie d’Idriss DEBY ITNO. Désormais, ce régime mafieux, recordman de tous les abus et de tous les crimes, a en face de lui un peuple tchadien debout, armé d’une conscience citoyenne nouvelle et résolu à relever le défi.
Par la rédaction de ZoomTchad