- Ali Abdelrahmane Haggar a été Secrétaire Général de la Présidence d’Idriss Deby, un chaînon important de la galaxie ethno-politique du système Deby. De par les hautes fonctions qu’il a assumées, il apporte, dans ses écrits et dires, un témoignage qui n’est pas sans intérêt. C’est ainsi du cas Enoch Djondang qui a été le Président de la Ligue Tchadienne des Droits de l’homme, viré pour détournement de fonds, et ensuite nommé Secrétaire d’Etat par Deby. Il gravite toujours dans les milieux droits-de-l’hommistes, en attente désespérée d’une nouvelle sinécure.
Choix d’un morceau de « Verbatim » :
« J’appelle Enoch Djondang, l’ex tout puissant Président de la ligue Tchadienne des droits de l’homme. Je voudrais m’informer sur les raisons de sa suspension de la LTDH .
C’est une affaire rocambolesque de tribalisme tout court. Il y a une partie de camarades originaires d’une région du pays qui veulent s’approprier tout, monopoliser la direction des ONG de défense des droits de l’homme. C’est leur fonds de commerce. C’est dommage. C’est un monde à part les ONG de défense des droits de l’homme, me dit-il ……..Je promets à Djondang une rencontre avec le Président.
….Djondang est assis en face du président. L’ancien Président de la LTDH propose un certain nombre de démarches afin d’améliorer l’image du gouvernement. Le Président se renseigne sur l’influence d’Enoch Djondang au sein de la FIDH, sur ses relations avec André Barthélémy (ancien président de la FIDH)…..
Enoch Djondang profite de l’audience pour poser un problème local : le canton Guégou ! Djondang rassure le Président du soutien ferme de la communauté Moundang à condition que Deby l’aide à régler un certain nombre de choses. Il explique au Président l’histoire du pays Moundang qui se divise historiquement en deux. Le royaume de Léré(l’aîné) et le royaume de Guégou(le cadet). Les deux royaumes sont issus d’un même ancêtre.
Djondang demande au Président la réhabilitation du royaume de Guégou dans ses droits traditionnels et limites territoriales antérieures à l’indépendance du Tchad mais aussi l’égalité de rang entre le Gong de Léré et celui de Guégou.
Je vous promets une adhésion massive si vous nous résolvez ce problème. Neuf de nos villages sont sous tutelle de Léré. Notre réclamation date de 1954. Notre chef de canton mérite un traitement digne de son rang, Excellence. Il n’est pas moins important que tous ceux que vous avez honorés de votre gratitude. »Fin de citation.
Commentaire :
Les masques sont tombés, et ce qu’on découvre sera une surprise pour beaucoup de jeunes Tchadiens que des escrocs ont trompés et manipulés pour les embarquer dans un combat fait de haine ethnique dont les méthodes consistaient sans cesse à opposer les Tchadiens du Nord à ceux du Sud, et on le découvre aujourd’hui dans les salles obscures de la compromission.
La haine tribale qui ronge M. Djondang a pour épicentre sa guerre contre le Gong de Léré et se situe avant tout dans son propre village. Est-il étonnant que cette haine tribale l’ait finalement submergé, aveuglé, débordant du Nord au Sud ?
Ses méthodes aussi sont loin de favoriser la cohésion sociale, l’entente cordiale entre les deux cantons Moundang. M. Djondang sollicite la dictature de Deby pour régler par la force des litiges de chefferie. Il est prêt à tout, il vend son âme et propose sa servitude à Deby en échange de ses propres ambitions villageoises. Il s’agit bien d’une escroquerie intellectuelle que de se draper du manteau des droits de l’homme pour finalement régler des problèmes tribaux. Il s’agit aussi d’une position sans aucun scrupule, un échange de services indignes. Tout simplement. Et dire qu’il parlait de ces camarades qui utilisaient les ONG comme fonds de commerce (voir plus haut).
Faut-il voir dans sa nomination comme Secrétaire d’Etat quelque temps après, la manifestation d’une offensive visant à affaiblir le canton de Léré ? Certainement. M. Djondang fait partie de ces hommes qui travaillent pour Deby en sous marin, échanges de conditions quelles qu’elles soient et le tour est joué. On lui définit une feuille de route, qui se décline à s’investir à fonds contre le régime de HH, d’enfouir au plus profond de la terre sa tête quand il s’agit du régime de Deby et d’ignorer totalement tous les sujets qui préoccupent les populations tchadiennes : pauvreté, pillage des revenus pétroliers, mascarade électorale, faillite économique, violations des droits humains, viols de femmes, absence de libertés, sans compter la corruption.
En 2011, des cadres tchadiens sont toujours obsédés par des querelles de chefferies et sont prêts à se faire corrompre, à rendre leur plume servile pour des problèmes tribaux. Une plume servile, une plume manipulatrice et trempée dans le poison du tribalisme et de la haine ethnique à entretenir entre les Tchadiens. M Djondang s’est plusieurs fois illustré dans ses écrits par ses positions négationnistes : « Tombalbaye et Malloum n’ont tué personne leurs crimes ne sont pas avérés..» lançait –il. Au finish, la mise en avant des principes démocratiques, d’égalité entre tous les Tchadiens, le soi-disant militantisme pour une république tchadienne fondée sur une armée véritablement nationale, et autres bla bla, toute cette gymnastique est un formidable écran de fumée, une mise en scène indispensable à la réussite de toute escroquerie.
Le régime de Deby dans lequel s’investit corps et âme le sieur Djondang est dernier en tout. Une petite pensée pour les jeunes tchadiens qui, innocemment, se sont fait prendre par cette escroquerie de haute voltige. Quant à nous, nous n’avons jamais été dupes. Confirmation.