Le 8 mars, est la journée internationale des femmes, occasion pour elles, de faire le point sur leur situation sociale, sur leurs droits politiques et économiques mais aussi sur la question de l’égalité par rapport aux hommes.
Au Tchad, la semaine nationale de la femme s’est déroulée avec comme d’habitude un discours politique truffé de contre vérités dans la mesure où une présentation très aérienne de la situation des femmes est brossée par la ministre chargée de la question, préoccupée avant tout à passer la brosse à reliure à Hinda Deby, sans laquelle, mon Dieu, les femmes tchadiennes seraient encore plus malheureuses. En 19 ans de régime MPS, les femmes tchadiennes ont vu leur situation se détériorer de manière alarmante. Ces dernières années, du fait de la crise au Darfour, les NU se sont impliquées dans différents projets suppléant ainsi les nombreuses carences du gouvernement Deby qui a, entre temps, encaissé et détourné des milliards de dollars en royalties et diverses taxes pétrolières.
Tous les experts l’ont dit sur tous les tons, le projet pétrolier a été un échec total dans la mesure où son objectif premier qui était de réduire la pauvreté dans laquelle vivent les populations tchadiennes, n’a pas été atteint; et qu’il est très aisé de constater la non réalisation de ce challenge ….. Comme vous pouvez le relever, les chiffres suivants certes crus, décrivent et reflètent la détresse de nos mères, sœurs et filles, et ce, au-delà de tous les mensonges véhiculés par des femmes politiques, griottes de Mme DEBY.
Représentant 51,2 % de la population tchadienne, 90,7% d’entre elles sont analphabètes; avec un taux de 61,9 % de la population vivant avec moins de 1 dollar par jour, la femme tchadienne est frappée de plein fouet par la pauvreté.
La mortalité maternelle a augmenté pour être de 1099 pour 100.000; quant à la mortalité infantile (enfant de moins de un an), elle est de 118 pour 1.000 en 2008. Celle des enfants âgés de moins de 5 ans, pointe à 186 pour 1.000 en 2008.
En 2005, seules 21% d’entre elles, ont été assistées lors de leur accouchement par un personnel qualifié, alors que ce pourcentage était de 24% en 1990, selon l’OMS. Le taux de femmes vivant avec le VIH et âgé de plus de 15 ans est de 110 pour 1.000.
Leur indice de fécondité est de 6,1 et on constate que 97,2% des femmes tchadiennes n’utilisent aucun moyen de contraception ! Comment s’étonner de la progression fulgurante du Sida quand seules 0,4 % d’entre elles utilisent un préservatif.
Leur espérance de vie à la naissance est de 52,3%. A l’entrée de l’école primaire, le taux de scolarisation est de 61% pour 75,6% chez les garçons, malheureusement, au secondaire, la situation se détériore, elles ne sont plus que 15,2% contre 90,1% pour les garçons; la raison est simple car 35% des femmes de 25-49 ans sont déjà mariées avant l’âge de 15ans.
A 25 ans, 97 % des femmes tchadiennes ont déjà contracté une union.
Dans la vie active, elles sont 11,5% du personnel enseignant, le taux le plus faible du monde; au secondaire, elles constituent 5,4% du personnel. Le Tchad avait 1.000 infirmières en 2007 pour une population de plus de 11 millions, selon l’OMS, et compte 3 médecins et 24 infirmières pour 100.000 habitants. Leur contribution dans la population agricole est supérieure à celle des hommes.
La participation des femmes tchadiennes à la vie politique est quasi inexistante avec 6,7% de participation au Parlement, 11,5% à un niveau ministériel, et 12,6% de cadres administratifs supérieurs.
Une récente étude a montré que 33,9 % des femmes tchadiennes ont déclaré ne pas pouvoir hériter de leurs parents. Seules, 5,8 % pensent pouvoir hériter de leur mari pour elles mêmes contre 29,7% grâce à leurs enfants. Le blocage du code de la famille depuis plusieurs années est révélateur de l’enjeu en termes de droits pour les femmes sans cesse brimées et victimes de discriminations par rapport à l’application soit de la charia, soit du droit coutumier, ou de la non application du code civil.
Des chiffres qui choquent et qui nous interpellent, la situation des femmes tchadiennes est désastreuse; analphabètes, soumises aux mariages forcés et précoces, leur vie est une vie de souffrances et de discrimination, leur bien être est hypothéqué par le poids de la pauvreté, par l’infection du VIH avec un taux de prévalence qui atteint les 7% dans notre pays. Maltraitées et victimes de toutes sortes de violences, elles ont subi viols et souffrances comme jamais sous le régime d’Idriss DEBY qui a utilisé le viol comme arme de domination et d’humiliation en direction de populations considérées comme non favorables au régime.
45% des femmes tchadiennes interrogées ont déclaré avoir été excisées, c’est-à-dire une femme sur deux ! Alors, trêve de discours politiciens, comme on a eu à l’entendre avec des «Deby vous aime et fait tout pour vous», « Hinda a tout fait pour nous… », ou encore des discours de satisfecit par rapport à la lutte contre l’excision, contre les fistules obstétricales, alors que la situation est extrêmement grave dans la région du Ouaddai et du Kanem.
A l’heure où le régime s’est lancé dans une politique d’infrastructures, en construisant hôpitaux et routes, on fait le constat quotidien de l’absence par exemple, d’une ambulance entre Ndjaména et Massaguet, et les femmes qui accouchent en situation difficile, sont transportées à dos d’âne ou sur des motos avec de grands risques.
C’est vrai que les femmes tchadiennes ne doivent plus mourir en donnant la vie, mais quand ceux qui sont en charge de la santé des populations n’accordent aucune confiance au système de santé qu’ils ont mis en place dans leur propre pays, préférant donner la vie à leurs enfants à l’hôpital Américain de Paris, il y a problème… Alors, peut-on croire à un engagement sérieux en vue d’améliorer la situation des femmes ? Certainement pas, malgré les discours de propagande, la réalité vécue par les femmes tchadiennes est là. Affligeante et triste !
Femmes tchadiennes, réveillez vous !!!
Pour la première fois dans l’histoire du Tchad, la première dame occupe un poste officiel, elle est Secrétaire particulière du chef de l’Etat. Est-ce un plus, pour les femmes ? Comment la concernée occupe-t-elle cette fonction ? Quel est le bilan de son action à la présidence où elle est omniprésente et omnipotente ? Quels sont ses rapports avec les femmes tchadiennes, avec les militantes du MPS ? Que faut-il penser de cette mégalomanie qui dégouline de tous les côtes ? Au finish, Hinda Deby aide-t-elle à la promotion des femmes ou écarte-t-elle systématiquement la plupart d’entre elles ? Et pourquoi ?
Dossier spécial dans quelques jours.
La rédaction de ZoomTchad