Alors qu’il est en voyage officiel à Paris depuis dimanche 8 avril, le prince héritier d’Arabie saoudite fait l’objet d’une plainte, avec constitution de partie civile, déposée ce lundi auprès de magistrats du pôle du tribunal de grande instance de Paris spécialisés dans les crimes de guerre.
L’avocat français Joseph Breham, qui représente une association yéménite de défense des droits de l’homme, accuse l’homme fort du régime saoudien de « complicité d’actes de torture » pour son rôle joué dans la guerre contre les rebelles houtis. Depuis le début de la guerre en 2015, l’Arabie saoudite aurait déployé 150 000 militaires et une centaine d’avions de combat au Yémen. L’intervention de la coalition militaire a déjà fait plus de 10 000 morts et 50 000 blessés.
Dans la plainte de quinze pages, l’héritier du trône et ancien ministre de la Défense d’Arabie saoudite, est accusé d’avoir sciemment pris pour cible des populations civiles yéménites avec des frappes sur des camps de déplacés, sur des marchés, des immeubles résidentiels et des hôpitaux. La plainte évoque aussi l’utilisation d’armes illégales à sous-munitions. Ainsi que des « disparitions forcées » et des prisons secrètes qui seraient tenues par des Emiratis. Selon l’ONU, 80 % de la population yéménite a besoin d’aide humanitaire. Dix-neuf millions de personnes – soit 60 % de la population – vivent en situation d’insécurité alimentaire. Trois millions de femmes et d’enfants souffriraient de malnutrition aiguë. Et le choléra est réapparu il y a quelques mois. Pour l’association yéménite à l’origine de la plainte déposée à Paris, la privation d’accès aux biens de première nécessité est « le résultat des attaques aériennes et du blocus maritime, à l’origine d’une souffrance généralisée des populations civiles. »
L’avocat pénaliste Jospeh Breham fait valoir que Paris a ratifié la Convention contre la Torture qui lui donne le droit – le devoir même – d’enquêter sur toute personne soupçonnée de ce type de crimes, même étrangère, à partir du moment où elle pose le pied sur le sol français.
Les plaignants espèrent que la plainte sera instruite par des juges du pôle « crimes de guerre » du TGI de Paris. La juridiction enquête déjà sur les crimes commis en Syrie.
La France, ses ONG et leurs sous traitantes africaines qui se sont mobilisées pour faire juger les responsables africains ont fait un véritable blackout médiatique autour de cette plainte.
Zoomtchad