Les Tchadiens, à l’instar des autres africains, ont ces quinze dernières années été littéralement saoulés, que dis-je, perfusés sinon gavés comme des oies par des articles injurieux de JA à l’encontre de Hissein Habré. Toute la rédaction de JA s’est mobilisée mettant à contribution tous ses démembrements, un seul mot d’ordre : démolir Hissein Habré ; ivre sans alcool. JA continue, langue noire bien pendue comme on dit chez nous. Assurément la cible Habré est dans leur ligne de mire. Pourquoi cette obsession, pourquoi tant de haine ?
A dire vrai, nous Tchadiens, sommes depuis longtemps édifiés sur la personne de Béchir Ben Yahmed. Tout commença avec l’occupation du Tchad par la Libye et la terrible correction infligée à l’armée libyenne. Pendant tous ces affrontements, la ligne éditoriale de JA était la suivante : occulter l’agression libyenne et détourner la question vers un combat entre frères ennemis. Plus de 10.000 soldats libyens occupaient, pillaient, tuaient et violaient et JA titrait : « on recherche un troisième homme pour le Tchad ». Un coin du voile fut levé quand le Canard enchaîné révéla que JA avait un contrat de marketing politique avec Kadhafi.
Que dire, quand sachant que kadhafi était l’agresseur du peuple Tchadien, la Syrie, l’Algérie, les organisations palestiniennes, le Polisario ainsi que les milices libanaises de Joumblatt ont envoyé des soldats se battre aux cotés de l’armée libyenne au nom de la solidarité arabe.
Après la victoire des Tchadiens, ne pouvant rien faire pour l’ignorer, JA ferma obstinément les yeux sur l’ampleur des destructions causées par la Libye et son armée de tueurs.
On raconte, dans les milieux tchadiens qu’une grande dame sénégalaise a été témoin de la terrible émotion de BBY, à la vue de ses frères arabes faits prisonniers par des nègres, images insoutenables pour un homme qui, sa vie durant, aura combattu pour modeler une image clé en main aux pays arabes… pays émergeants, économiquement bien gérés, sans cesse en progrès se rapprochant des pays européens et bien entendu il n’est pas question de traiter les chefs d’Etat arabes de dictateurs, d’assassins, de voleurs. Pas un seul, en 45 ans de journalisme n’a fait la une de JA avec un qualificatif injurieux. C’est pourquoi il serait plus honnête que JA se définisse comme un organe de presse arabe francophone et non panafricain.
Quid de la pseudo interview accordée à JA par Hissein Habré ? Comme disent les Tchadiens : « est ce que Hissein Habré a été mordu par un âne ? » Assurément non ! Pourquoi aurait-il accordé la première interview en 10 ans pour se faire insulter par des gens qui n’ont jamais cessé de le faire toutes ces années ? Comme pour avouer son combat contre un homme, Béchir Ben Yahmed lui lança le défi de porter plainte, « chiche… » Ecrivit-il… et toc !!! La plainte lui fut adressée, pas en Afrique où tout le monde est au petit soin de JA, par la crainte qu’inspire sa capacité de nuisance.
Plainte devant les tribunaux français, la seule, qui sera menée à terme et JA s’est bien gardée d’informer ses lecteurs, sera le fait d’un Hissein Habré, ô combien haï !
En tant qu’Africain, je n’attends rien d’un Béchir Ben Yahmed, légataire universel du tristement célèbre Jacques Foccart qui selon ses propres confessions aurait fait tuer l’opposant camerounais Félix Moumié entre autres.
Je n’attend rien d’un Zyad Liman, qui parlant des problèmes de ligue tunisienne des droits de l’homme, prise à partie par le régime de Ben Ali, affirma : «la Tunisie, c’est mon pays bien que ma mère soit savoyarde, et je ne voudrais pas qu’on en dise du mal… » et de nous expliquer à quel point tout le monde est content du régime en place.
Je n’attends rien d’un François Soudan, qui défendit bec et ongle, son pays s’origine la Mauritanie, occultant le massacre, l’épuration ethnique et la déportation de 60.000 negro-mauritaniens au Sénégal, crimes contre l’humanité avez-vous dit ?
En tant que Tchadien, je n’attends rien d’un Albert Bourgi, qui prit sa plus belle plume pour nous annoncer que c’est à Déby que revenait le mérite d’avoir porté l’affaire Aozou à la cour internationale de justice de la Haye. Que ne ferait-on pas pour un publi-reportage !
Tous les tchadiens savent et d’autres aussi, que c’est Hissein Habré qui a porté l’affaire Aozou à la Haye en 1988 et c’est son gouvernement qui a monté l’équipe de juristes pour défendre le Tchad. Idriss Déby est arrivé au pouvoir en décembre 1990. La victoire fut néanmoins fêtée bruyamment par Déby.
N’est ce pas Béchir Ben Yahmed qui envoyait des mises en demeure de reprendre immédiatement son travail à son collaborateur Sennen qui gisait sur son lit en phase terminale d’un cancer, anecdote rapportée par Africa International. Après sa mort, Sennen fut chanté sur tous les tons et Ben Yahmed créa un prix Sennen. Quelle hypocrisie ?
Journalisme de 45 ans ! Et pourtant, tous les journalistes africains noirs qui sont passés à JA, l’ont quitté, dénonçant le racisme, la placardisation et une ligne éditoriale douteuse et variant selon les desiderata de Ben Yahmed. On peut citer Marie Roger Biloa, Elimane Fall, Tidiane Dioh, et le dernier de la série Francis Kaptindé. Point commun à tous, ce sont des africains noirs, on peut regretter que ces derniers aient sagement courber l’échine et exécuter le sale boulot pour finalement être mis à la porte avec mépris, c’est cela JAI. C’est au continent noir et à ses « dictateurs » qu’il doit sa richesse à force de publi-reportages facturés à des centaines de millions.
L’actualité récente par deux évènements a montré encore une fois si besoin était la ligne éditoriale de JAI, tout d’abord le départ du président Ould Taya de Mauritanie encensé par J.A.I. pendant 18 années de règne, eh bien, à peine fut il renversé, que le journal changea son fusil ou plutôt sa caisse d’épaule ; critiques virulentes tous azimuts contre le président déchu, et cirage de pompe au tout nouveau venu. Second événement, ce sont les expulsions musclées des immigrés africains noirs du Maroc, on a vu des choses horribles, « les noirs » comme on se plait à les appeler la bas, comme on dirait « les chiens » ont été traités comme tels par les autorités Marocaines, on a même vu une africaine accouchée dans les eaux usées.
A la vue de tous ces événements dramatiques, J.A.I. n’a pas failli à ses objectifs premiers et a titré, « nous sommes tous coupables » ben voyons comme si les pays du Maghreb ne connaissaient pas des problèmes d’exode vers l’Europe de leur jeunesse ; dans un pays comme la France, aujourd’hui les arabes dépassent de très, très loin les africains noirs.
La bestialité avec laquelle les marocains ont agi, est indigne d’un pays qui se dit africain et veut rejoindre l’union africaine sans compter que les investissements économiques des Marocains vont sans cesse grandissants dans le continent noir et surtout que dans plusieurs pays africains, des marocains y vivent et y étudient depuis des générations en toute tranquillité.
Aujourd’hui, J.A.I. se vend moins, preuve d’une désaffection de son lectorat mais aussi par l’émergence d’une presse locale plus hardie.
Au Tchad, la meilleure vente de J.A.I. réalisée sur 10 ans a été le numéro contenant la pseudo interview de Hissein Habré, superbe pied de nez à Béchir Ben Yahmed et à ses « typayos ».
La Rédaction de ZoomTchad