Dans cet entretien, Mme Fatimé Raymonne Habré revient sur le livre écrit par l’ancien chargé de la Communication des Chambres africaines extraordinaires (CAE), Marcel Mendy. Dans ce livre, M. Mendy livre une information que les pires ennemis du Président Habré n’ont jamais osé inventer, même au milieu du procès. Bras armé des adversaires de l’ancien président tchadien et valet de Reed Brody, Marcel Mendy a cru bon de continuer son lynchage médiatique contre M. Habré qui, depuis plus 15 ans, n’a jamais ouvert sa bouche pour parler du Sénégal, de la politique intérieure du pays ou d’autre chose, malgré sa condamnation. Nous avons interrogé son épouse pour en savoir plus sur les intentions de la famille Habré, suite à cette accusation portée contre Hissein Habré par Marcel Mendy…
ENTRETIEN RÉALISÉ PAR LA RÉDACTION DE DAKARTIMES
DAKARTIMES: Madame Habré, ces derniers jours, les avocats du Président Habré ont obtenu gain de cause pour interdire l’utilisation de la photo du Président par Marcel Mendy pour illustrer son livre.
MME FATIME RAYMONNE HABRE : Permettez-moi, avant tout de présenter les condoléances du Président Habré, de moi même et de toute notre famille à la famille de M Sidi Lamine Niasse, à toute l’équipe de Walfadjiri. Qu’il repose en paix et que le Tout Puissant l’accueille en son paradis éternel. Amiine.Effectivement, le juge a dit le Droit dans cette affaire. On ne peut pas utiliser la photo d’une personne ou mettre, par exemple, l’image d’un tableau d’un peintre sénégalais pour illustrer un livre à des fins commerciales sans autorisation ni cession des droits de la personne sur son image ou son œuvre. C‘est la loi qui a été rappelée à M Mendy.
Ce qu‘il faut comprendre, c’est que ce livre de M Mendy s’inscrit dans le cadre de la poursuite de la campagne de harcèlement,de persécution contre le Président Habré.
Rendez-vous compte que cette affaire Habré a été lancée en février 2000, cela fait donc 18 ans. On eu le procès, la condamnation à perpétuité et le Président en est à sa cinquième année de prison. Et que constate t-on ?
Cette affaire n’est pas finie, comme on pouvait le croire, bien au contraire, les réseaux françafricains sont toujours là, à l’affût pour maintenir la pression médiatique, pour s’acharner sur nous et ce malgré, l’injustice et notre souffrance au quotidien pour faire face à cette condamnation inhumaine.
De plus, nous sommes dans une période électorale, période de chantages de toutes sortes comme chacun le sait et ce n’est pas un hasard si, en mois de deux mois ; on a vu l’Ambassadeur de France féliciter le Sénégal d’avoir condamné le Président Habré, puis, on a eu l’Ambassadeur des Pays Bas organiser dans sa résidence, une réunion de relance des attaques contre le Président Habré avec le concours de ceux qui ont participé aux activités des CAE. Et aujourd’hui, nous avons vu ce livre de M Mendy sortir, histoire aussi, de maintenir dans l’actualité, un harcèlement médiatique contre nous.
Marcel Mendy était chargé de la cellule de communication des CAE, il a fait ce livre pour parler de cette affaire qu’il a suivi.
L’affaire Habré a été avant tout un procès médiatique du début à la fin. Peut-on dire « à la fin » puisque l’on ne voit pas la fin de cette affaire qui boucle déjà 18 ans. Du jamais vu ! Cette affaire a été montée, construite et portée par les réseaux françafricains que sont, d’une part, les médias français et les sous traitants africains et d’autre part, les ONG occidentales et leurs relais africains. On sait que le Tchad a été l’argentier majoritaire de cette affaire, dans un premier temps, par un financement discret en amont, puis officiellement, dans le cadre du Comité du pilotage où sans sa contribution,il n’y aurait pas eu de procès Habré. M Mendy n’a jamais géré le pôle Communication des CAE, c’est quelque chose qui le dépassait de loin.
Dans toutes ses dimensions, la préparation du procès a été faite hors du cadre des CAE, pour être ensuite placée au sein des CAE et être avalisée tout simplement. C’est parce que les toubabs ont planché sérieusement sur tout ce qui pouvait les gêner dans ce procès, qu’il a été décidé de financer à hauteur de 700 millions, la neutralisation des médias sénégalais couvrant majoritairement le procès. Ils l’ont confié à 3 agences de communication à Dakar, à Ndjamena et en Belgique. Cette main basse qui étouffait la ligne éditoriale de plus de 20 organes de presse,radio, télé était une très grave violation des principes qui régissent le rôle et la place des médias dans un procès. Ces médias étaient tenus de respecter la présomption d’innocence et rappelons que l’opinion attendait une information objective et neutremais aussi un procès juste et équitable. C’est cette attente qui a été décapitée par le pôle Communication des CAE dirigée par M Franck Petit.
Ce souci des toubabs était l’expression d’une terrible inquiétude : à savoir un dossier léger, fabriqué pendant de longs mois au Tchad par HRW,par un travail de sélection de plaignants, d’entraînements, de répétitions de leurs histoires revues et corrigés mais surtout au vu des difficultés sur le terrain des preuves et de la responsabilité personnelle, HRW a greffé une affaire d’argent à chaque histoire pour motiver les personnes à s’engager mais aussi et surtout à porter des accusations directes contre la personne du Président .
Ceci pour vous dire que les CAE, c’était une chose monstrueuse par leur illégitimité, leur illégalité et par le cadre pollué par l’argent et l’impunité assurée à tous ceux qui aidaient à faire avancer cette machine politique financée par Idriss DEBY majoritairement puis par la France-Union européenne ensuite. C’était donc un procès qui a obéit au principe « Qui paye commande « . La mascarade du pôle Communication a été de masquer cette réalité crue par un slogan » l’Afrique juge ses fils en Afrique « .
S’il fallait parler communication des CAE, il faudrait alors parler de l’utilisation de ces 700 millions, de la prise en main des journalistes, de la modification de leur rôle et de leur mission par des experts français qui ont ainsi dans des ateliers reformaté le discours que devaient utiliser les journalistes pour faire leur compte rendu du procès. Est-il besoin de préciser que les mots clés pour parler du Président Habré étaient : Hissein Habré, dictateur, torture, impunité, violations des droits de l’homme. Les journalistes se voyaient ainsi attribuer une mission contraire à leur code de déontologie : « Vous devez être les porte paroles des victimes » (des plaignants se voyaient déjà qualifiés de victimes pour conditionner l’opinion) disait M Franck Petit.
C’est contre toutes ces graves atteintes aux principes généraux qui régissent un Etat de Droit et contre de nombreuses dérives, que nos avocats ont saisi le Cored pour qu’il se prononce sur ces violations par le pôle Communication des CAE. Je reviens un peu sur cette saisine car nous avons saisi à deux reprises le Cored quand il était dirigé par M Ibrahima Bakhoum et ensuite, par M Bacari Domingo Mané . Pour nous, à ce jour, nous n’avons obtenu aucune suite à cette requête. On s’en ait plaint plusieurs fois d’ailleurs. Alors, c’est avec étonnement qu’on a vu M Mendy parler de soutien de ses amis du Cored, du refus d’examiner notre requête, d’une espèce d’entente amicale et solidaire pour nous faire perdre. Mais, a t-on réellement perdu ? Non, M Mendy a fait perdre la crédibilité à cet organe dirigé par des professionnels sérieux. Nos avocats vont d’ailleurs encore se rapprocher du Cored pour vérifier les fanfaronnades de M Mendy .
Vous m’expliquiez tout à l’heure que Marcel Mendy a refusé d’exécuter la décision d’interdiction ?
Encore une fois, c’est étonnant que l’on piétine les lois ainsi. Le juge a dit le Droit et prononcé une astreinte de 500 000 frs par livre vendu, diffusé, distribué.
Savez- vous ce qu’a fait M Marcel Mendy après avoir eu la décision de justice ?
Il a déroulé une manœuvre pour tromper l’opinion.
En faisant croire,dans une interview parue dans un site internet, par la présentation d’une nouvelle couverture sans la photo du président, qu’il exécutait la décision de justice. Or, tout cela n’était que mise en scène et tromperie de l’opinion puisque M Marcel Mendy a fait, quelque chose de très grave, violantet méprisant la décision,il a distribué dans les librairies, son livre avec la photo du Président, qui a été ainsi vendu et continuait de l’être, plusieurs jours après l’interdiction. Ces faits graves montrent tout son mépris pour la justice de son pays et constat en a été fait par des huissiers, par l’achat effectif de livres pour le prouver. La procédure contre lui va donc se poursuivre avec son refus d’appliquer cette décision d’interdiction.
Avez vous lu ce livre de Marcel Mendy ?
Oui, bien sûr, même si ce livre n’a vraiment aucun intérêt.Il s’inscrit dans la lignée de la production à charge des réseaux françafricains impliqués dans l’affaire Habré.
Très objectivement, M Mendy était trop éloigné des questions importantes au sein des CAE pour pouvoir écrire un livre ayant un quelconque intérêt. Il avait un salaire de 1 million de francs du 1 février 2013 à juin 2017, date de la cessation des activités des CAE.Ce qui fait à peu près 51 mois donc 51 millions pour rédiger des petits communiqués sans importance. Autrement dit, tenu par ces liens de subordination, iI a essayé de faire une narration enjolivée, ampoulée prenant une grande liberté sur les faits historiques, les sélectionnant, traficotant la vérité,l’assaisonnant à la sauce françafricaine. C’est un recopiage artistique de tout ce qui a déjà été écrit sur cette affaire, un livre truffé d’erreurs et parfois de mensonges délirants.
M Mendy ne peut pas faire un livre d’intérêt sur l’Affaire Habré, il a été dans cette bulle des CAE pour assister à un procès politique. Une impunité a été assurée à tous ceux qui y participaient et commettaient de graves dérives y compris lui même. C’est ainsi que notre défense a été neutralisée quand elle a utilisé les voies de droit qui s’offraient à nous par l’introduction de recours auprès des juridictions compétentes.
Je rappelle qu’à ce jour : les requêtes introduites contre le faux de Mme Aminata Touré, celle contre les injures contre M Sidiki Kaba, Mbacké Fall, et Mendy et son groupe n’ont pas été vidées.
Aujourd’hui, en refusant d’appliquer la décision d’interdiction, M Mendy ne veut pas sortir de la bulle des CAE, de cette station de toute puissance dans lequel il a baigné et qui se résumait à dire : « Le Président Habré est entre nos mains, il n’a aucun droit, les autorités nous soutiennent, on y va, nous sommes intouchables, sa défense peut déposer des plaintes, on s’en fout, on nous protège de partout. » Il a aussi fait sienne l’animosité et la haine des réseaux françafricains contre le Président Hissein Habrè et comme ces réseaux sont toujours actifs dans le cadre du maintien d’une pression sur cette affaire Habré, il est évident que le rôle qui était le sien dans le cadre de l’organisation du procès, est prolongé par ce livre. Rappelons l’investissement financier colossal : une véritable campagne de lynchage médiatique a été déployée, de manière soutenue pendant des années dont le but était de fragiliser la situation du Président Habré au Sénégal, de casser son image, de conditionner l’opinion à ce procès. Marcel Mendy est un pion comme tant d’autres, il participe à la production à charge dans la phase post-procès tout simplement.
Cela veut dire qu’il est très difficile avec un tel profil et un engagement qui dépasse le cadre professionnel, d’écrire quelque chose digne d’intérêt.
Je parlai tout à l’heure de mensonges grossiers dans ce livre. Il dit, par exemple que « le Président, après son arrestation a été installé dans le Pavillon Spécial à Le Dantec car tout avait été minutieusement préparé, compte tenu de son rang d’ancien chef d’Etat pour le placer dans de bonnes conditions ». C’est vraiment honteux et indigne de mentir à ce point.
Quand on a conduit le Président au Pavillon spécial, rien n’était prêt, ils se sont précipités pour le faire sans être prêts. On ne savait même pas où le mettre. Ils l’ont enlevé à 11 h, à 16 h, la DIC m’a appelé pour qu’on lui apporte à manger en me disant qu’il était à le Dantec. Quand je suis arrivée, il était dans le bureau du directeur, et personne ne savait où il fallait le mettre, puisque la partie où on devait le placer était en pleine réfection. Et finalement, c’est dans la chambre de M Modibo DIOP de l’ASER que le Président a été installé à ses côtés pendant plusieurs jours. M Modibo Diop peut en témoigner, de même, que M Paul Sane, le directeur du Pavillon aujourd’hui à la retraite.
Constatez avec moi, comment la vérité des faits d’aujourd’hui, auxquels, on a assisté, est déformée, trafiquée, réécrite pour arranger la francafrique .C’est cela, la malhonnêteté et la misère intellectuelle qui nous tue en Afrique. Voici comment notre histoire est falsifiée par nos frères africains qui prétendent avoir été des acteurs d’une affaire. Inutile de souligner toutes les calomnies, les mensonges quand il s’est agi pour lui d’évoquer l’histoire du Tchad et les péripéties de l’affaire Habré dans une version douteuse, brouillonne, truffée d’erreurs. C’est lamentable !
Au sujet du Cored, que j ai cité plus haut M Mendy dit : « leur plainte n’a même pas été examinée. Elle a été déclarée irrecevable. »
Je répète qu’à ce jour, nous n’avons eu aucune nouvelle de notre saisine du Cored. L’absence de rigueur dans le déroulé de sa narration des faits et la contradiction flagrante entre une position négative prêtée au Cored par ses soins, consistant en un refus d examiner la plainte et ensuite les dires portant sur une action déclarée irrecevable démontrent la légèreté des propos . Ce sont les méthodes utilisées dans ce livre qui est en fait un condensé de tout ce qui a été écrit à charge contre le Président Habré par les médias français et le déroulé d’une procédure largement relayée dans la presse .
Mendy a parlé d’un enfant naturel avec une voisine sénégalaise ?
Il a mis lui même un point d’interrogation et parlé en 3 lignes de cette histoire en disant qu’elle émane « de sources dignes de foi ».
Il a ajouté que l’enfant a été reconnu et porte le nom du Président.
On verra tout cela devant la justice. Il faudra bien nous en dire plus sur ces soi disant sources dignes de foi. Je parlais tout à l’heure des délires et des mensonges.
Un enfant reconnu peut-il être un enfant caché ? De plus, la reconnaissance passe par des actes juridiques figurant dans l‘Etat civil officiel du Sénégal. On attendra ce qu’il va dire. En fait, tout cela, est le symbole d’une indignité et d’actes de bassesse et d’attaques visant à porter atteinte à la moralité du Président, à son image , à nous blesser nous et notre famille. C’est sur ce même registre que cette affaire de viol a été fabriquée par Reed Brody pendant le procès. Faute d’avoir pu convaincre une opinion par des preuves et un procès juste et équitable, ils sont toujours enragés, haineux et vivent quotidiennement le cerveau embrouillé par la haine tandis que le Président Habré est dans sa cellule, le cerveau plein de sourates. Quand on subit une peine à perpétuité, une peine aussi douloureuse, que le procès est terminé, que les recours sont épuisés, nous avons légitimement droit à une paix sociale pour faire face à cette horrible condamnation. Est-il juste que nous subissions les agressions tantôtde l‘Ambassadeur de France, tantôt de l’Ambassadeur des Pays Bas, tantôt de Assane Dioma Ndiaye, tantôt de Marcel Mendy ?Soubanallah ! Comment-il faut gérer cela? Cela fait 18 années qu’on subit tout ça. Je dois saisir qui ?