RÉACTIONS DES AVOCATS DU PRÉSIDENT HABRÉ A LA VEILLE DU VERDICT FINAL N’ATTENDANT RIEN DU VERDICT FINAL
Les avocats de Habré pilonnent les auteurs de la «mascarade judiciaire»
Les avocats de Habré ne semblent rien attendre du verdict de la Cour d’Appel des CAE qui sera prononcé ce jeudi. Me François Serres se veut pessimiste. «Que peut-on attendre d’un Comité chargé d’exécuter un mandat politique fomenté par les occidentaux, français, belges, américains, mis en œuvre par leurs sbires libyens d’abord, puis tchadiens et enfin sénégalais, appuyés d’une cohorte d’ONG qu’ils ont financé, sous couvert de préoccupations droits de l’hommistes ? Que peut attendre le peuple sénégalais de cette mascarade judiciaire que l’on a implanté sur son sol, lui qui pouvait espérer, enfin, sinon de l’émergence, enfin de la gouvernance au niveau judiciaire ?», s’interroge l’avocat. Et d’enchaîner : «Que peut-on attendre d’un tel complot judiciaire qui bafoue l’histoire, qui dicte, finance et met en œuvre en première instance la condamnation d’un homme qui ne pouvait se défendre qu’en refusant de participer à sa condamnation acquise par avance ?».
Son collègue, Me Ibrahima Diawara, émet sur la même fréquence. «Notre état d’esprit est le même depuis l’ouverture de cette comédie de justice. Il s’agit d’une opération politique pour liquider un homme politique patriote et nationaliste. Rien de nouveau, les acteurs sont prêts, vaille que vaille, à accomplir la mission. Le déroulement de l’appel ne fait que confirmer la position de début. On refuse de participer à cette pièce de théâtre», soutient-il.
Les conseils de Habré maintiennent les propos qu’ils avaient tenu, après la confirmation de la liste des juges de la Chambre d’Appel, à savoir que «les CAE n’ont jamais présenté les caractéristiques essentielles de la justice, elles ne sont qu’un instrument de répression politique, mises en place, conduites et gérées avec les réseaux françafricains». «Tout ce qui concerne les CAE est décidé ailleurs et ceux qui sont en première ligne ne sont que des exécutants dévoués. Rappelez-vous c’est à RFI que le Président Macky Sall avait dit que la peine était lourde. Vous verrez la décision de jeudi prendra certainement compte de cette interpellation. Preuve, que les décisions se prennent ailleurs», assène Me Diawara.
A la question de savoir ce qui les a le plus marqués dans cette affaire, les avocats du natif de Faya-Largeau n’ont pas fait dans la dentelle. Me François Serres tonne : «Sans aucun doute, et ce de façon paradoxale, le degré d’impunité dont ont bénéficié, tous ceux qui ont profité de cette affaire, à commencer par Madame Touré, empêtrée dans des faux en écriture, Sidiki Kaba, dont la véritable face s’est révélée à travers l’instrumentalisation d’un processus judiciaire jusqu’à l’acceptation du diktat d’Idriss Déby de refuser de collaborer avec la pseudo justice qu’il avait financé, sachant ce qu’il y encourrait lui-même».
Pour Me Diawara, ce qui l’a marqué dans cette affaire, «c’est la constance dans l’illégalité et le déni de justice». «Pendant 20 ans, toutes les décisions rendues par la justice nationale et au niveau de la CEDEAO ont été toujours contournées par des lois et accords scélérats. La marque la plus indélébile est celle qui fera tâche sur la justice sénégalaise. C’est ici au Sénégal où on se targue d’être un Etat de droit que s’est déroulée une première : Une justice extraordinaire», affirme l’avocat.
(VOXPOPULI)
LE LEADER DU MPS/SELAL SUR L’AFFAIRE HABRÉ
«C’est révoltant que le Sénégal ait participé à cette mascarade»
Mamadou Bamba Ndiaye, Secrétaire général du Mouvement populaire pour le socialisme (MPS/SELAL), se dit outré par l’affaire Habré. «Sur l’affaire Hissein Habré, moi, je suis révolté par le fait que des patriotes africains ayant exercé le pouvoir et défendu les intérêts de leurs pays soient poursuivis par la vindicte, et qu’on cherche à les humilier. Ce qui s’est passé avec Hissein Habré est en train de se passer avec Laurent Gbagbo en Côte-d’Ivoire», assène Mamadou Bamba Ndiaye.
D’après le porte-parole du Front patriotique pour la défense de la République (FPDR), «on veut les humilier pour décourager les générations suivantes en leur disant : ‘N’essayez pas de vous libérer, vous n’y arriverez jamais’». «Voila, ce qui me révolte. Que des chefs d’Etat africains soient complices de ça, ça n’aurait jamais dû arriver. C’est la Françafrique. Et nous n’avons pas notre dans cette Françafrique. Ça n’aurait jamais dû arriver, et c’est révoltant que le Sénégal ait participé à cette mascarade autour du Président Hissein Habré», martèle l’ancien député et actuel chef de file du MPS/SELAL.
A signaler que des responsables d’autres formations politiques – comme le «Rewmi», l’APR, le PDS, le PS – que nous avons interpellés sur cette affaire, se sont défilés. Ils n’ont pas souhaité s’exprimer sur la question.
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ABDOURAHMANE SOW, COORDONNATEUR DE LA COS/M23
«Il y a d’énormes non-dits dans ce procès truffé d’incohérences»
L’affaire Hissein Habré – dont l’épilogue est attendu ce jeudi – ne laisse pas indifférente la Commission orientations et stratégies du Mouvement du 23 juin (COS/M23).
«La COS/M23 estime que les préjudices aux droits humains, les génocides, crimes contre l’humanité et autres atrocités, doivent être bannis du vocable africain. Cependant, des écueils demeurent toujours, quant à la souveraineté des Etats africains, d’abord, ensuite, dans la logique de fonctionnement des institutions appropriées», indique Abdourahmane Sow, leader de ladite entité. Avant de souligner : «Nous estimons que, dans ce procès, truffé de beaucoup d’incohérences, il y a d’énormes non-dits. Des non-dits portant sur les réelles motivations des ‘commanditaires’ de ce procès, la nécessité de la création des Chambres Africaines Extraordinaires qui vont disparaitre juste après le procès. D’autres interrogations non moins importantes nous taraudent aussi l’esprit».
«Qu’en est-il du financement du procès ? Pourrait-on, un jour, poursuivre les bailleurs de ce procès pour les mêmes accusations ? Pourquoi les juges d’instruction ont exempté et épargné l’actuel Président tchadien, Monsieur Idriss Déby Itno, alors que son implication a été clairement établie ? Enfin, pourquoi seuls les Présidents africains sont les seuls coupables de crimes de guerre, crimes contre l’humanité, alors qu’il y a des Etats occidentaux qui font pire, dans une totale impunité ?», s’interroge M. Sow qui estime que ces équivoques doivent être levées.
(VOXPOPULI)