La légère accalmie qui prévaut suite à la situation explosive ayant suivi l’offensive de la garde présidentielle dans le domicile de YAYA DILLO, candidat déclaré à l’élection présidentielle, cache une situation complexe et grave pouvant entraîner à tout moment des affrontements dans la capitale.
Retour sur les événements qui se sont déroulés.
Rappelons que M Yaya Dillo, après la plainte déposée contre lui par la Fondation de Hinda Deby pour diffamation, est parti s’installer dans son village à IRIBA. Le Procureur a souhaité l’entendre et envoya un magistrat prendre sa déposition.
Des membres du clan -rappelons que M Yaya Dillo est un parent proche d’Idriss Deby par sa mère qui est une cousine d’Idriss Deby – ont initié deux médiations. Ces médiations ont échoué. La dernière médiation a eu lieu à Amdjaress en présence de nombreux notables du clan venus pour certains d’Al Djinene au Soudan où ils séjournaient pour des soins de santé.
Lors de cette rencontre, la question de l’emprisonnement de Baharadine Berdeï a été rappelée à Idriss Deby, qui a refusé de le libérer malgré les demandes des notables. M Dillo a évoqué les dérives de Hinda Deby et a clairement affirmé n’avoir aucunement l’intention de constituer une rébellion armée. Idriss Deby a balayé d’un revers de la main la mise en cause de Hinda. Ce n’est qu’un prétexte. Demandez-lui ce qu’il veut réellement ? Yaya Dillo répond : « Je ne veux pas de poste ni de l’argent. » Idriss Deby se lève et quitte la salle. Fin et échec de la médiation. Les notables ont poursuivi les échanges et accompagné Yaya Dillo qui était venu à cette rencontre avec un cordon sécuritaire.
Quelques mois passent et le parti de Yaya dépose sa candidature à l’élection présidentielle. Idriss Deby peste et donne l’ordre de son arrestation en réactivant la plainte en diffamation.
Ce qu’il faut bien comprendre, c’est qu’Idriss Deby a pris comme un énorme défi à sa toute puissance, l’arrivée dans la capitale de Yaya Dillo. Pire qu’un défi, c’est un véritable affront. Quand on lui apprend que Yaya Dillo refuse de répondre à la police et exige un mandat d’amener du juge. Idriss Deby fidèle à sa logique d’élimination de ses opposants, comprend qu’il avait sous estimé la détermination et surtout le courage de l’opposant qui n’a pas hésité à entrer dans la gueule du loup avec beaucoup d’aplomb.
Il ordonne son élimination par la garde présidentielle. Cet ordre n’a pas été exécuté, un refus a été exprimé par son propre neveu au nom des liens de parenté. Immédiatement, il est démis de ses fonctions, d’adjoint du Commandant de la garde présidentielle. L’ordre d’élimination est réitéré et c’est pourquoi, la grosse artillerie est mise en place ; 3 chars ont été positionnés dans la rue de la maison familiale de M Dillo. Une simple arrestation ne nécessite pas autant de moyens lourds. Nous avons tous vu le char défoncé le portail d’entrée et l’assaut donné avec les conséquences que l’on connaît en pertes de vies humaines. On pourra souligner que les assaillants, eux, n’ont eu aucun blessé.
Actuellement, les choses se sont précisées au niveau des notables du clan, par la totale désapprobation de la tentative d’assassinat de M Dillo qui a coûté la vie à sa mère, son fils et ses frères. Conséquence ; Idriss Deby a pratiquement perdu le soutien du clan qui, désormais, a pris l’engagement d’assurer la protection de M Yaya Dillo. Après les meurtres, au domicile de M Dillo, Idriss Deby a déclaré à des notables que « la mère de Yaya est sa cousine, sa grande sœur et qu’on devrait lui présenter les condoléances pour son décès ». Ce qui a encore plus mis en colère les gens.
Autre chose M Yaya Dillo connaissant parfaitement les méthodes d’Idriss Deby a affirmé, ne pas vouloir quitter la ville de Ndjamena.
Il y est et il restera.
Situation grave, complexe et qui, peut-être explosive à tout moment.
Les autorités françaises très inquiètes de la situation ont conseillé à Deby le report des élections. Refus catégorique du Maréchal, qui demande la publication des candidats dont la candidature a été retenue. La liste est publiée et point de Yaya Dillo ni de Succès Masra.
Pour la première fois, depuis qu’il est au pouvoir, des pans entiers de son clan lui demandent de démissionner et de partir en toute sécurité, lui, ses enfants et sa Hinda. C’est ainsi qu’il faut lire le contrepied posé par la condamnation de son attitude et l’engagement d’assurer la sécurité de M Dillo par les chefs du clan.
Le Maréchal va vers le clash armé, un véritable mortal Kombat est engagé. Est-il étonnant que des rumeurs soient propagées sur l’arrestation de M Yaya Dillo ?
Il n’en est rien mais cela démontre l’impasse dans lequel se trouve le Maréchal. Comme on dit au Tchad, si tu choisis le côté droit ; ton père va mourir. Si tu prends le côté gauche; c’est ta mère qui mourra !
Maréchal te voilà au carrefour !
A suivre..
LA REDACTION DE ZOOMTCHAD