Depuis l’offensive du FACT et la prise de 3 villes stratégiques au Nord, Idriss Deby n’a pipé mot. Il est vrai qu’il a beaucoup parlé durant la campagne électorale, qui s’est terminée, par un torrent d’insultes contre les opposants, éliminés arbitrairement de la course aux présidentielles, contre la diaspora aussi etc. On a eu droit, à la tirade panafricaine de celui qui se dit prêt à mourir pour le Tchad, pour l’Afrique, pour empêcher que la France pille l’Afrique. On a entendu les dérives verbales d’un homme totalement esseulé : du fameux bras d’honneur verbal (Damboula) aux chiens enragés et chacals affamés. On comprend un peu mieux aujourd’hui, ce qui l’enrageait et ce qui lui faisait perdre toute allure de Raïs pour être en fin de compte que le Maréchal de Bohoma. Au delà de l’affaire Yaya Dillo, Idriss Deby déraillait à cause de l’avancée des Rebelles du FACT vers la frontière. Il savait que son pouvoir sera fortement menacé. Dès que le FACT a envoyé ses hommes sur le terrain, il n’y a pas eu de résistance significative et les 3 villes sont tombées facilement.
Autrement dit, la défense de cette frontière du Tchad n’était pas si bien assurée. L’armée de Deby quasi inexistante. Aujourd’hui, après leur avancée, on s’est posé la question de savoir, quelles sont les dispositions prises à Ndjamena pour faire face au FACT sur le plan militaire ?
Actuellement, Idriss Deby veut à tout prix éviter une confrontation directe. Pourquoi ?
D’abord, il est miné par l’affaire Yaya Dillo. Face à toutes les menaces, le discours était de dire au clan : il faut mourir pour garder le pouvoir. Le pouvoir étant synonyme de pillages des biens d’autrui, d’argent amassé facilement par le montage de faux dossiers et le Trésor public était pillé quotidiennement par différents responsables proches de Deby. Le pouvoir, c’est aussi du racket sur les hommes d’affaires, de positions financières indues, d’affaires de toutes sortes comme la fraude sur le sucre organisé par des généraux en relation avec des hommes d’affaires soudanais, la faillite organisée des entreprises. Le détournement massif des revenus pétroliers, des recettes douanières.
Idriss Deby s’est résolu alors à investir massivement dans l’achat d’hélicos et de chars pour parer à la chute vertigineuse de l’index motivation pour la guerre de ses proches. La guerre, c’est aussi une question d’engagement, de cause à défendre. D’où la question de savoir sur quels hommes, Deby pouvait compter.
Pour conduire l’opération Yaya Dillo, il a désigné 3 généraux : Taher Erda, Ibrahim Allawahite et Mahamat Kaka. Or, il veut aujourd’hui, les garder pour sa sécurité personnelle. On peut ajouter au niveau de l’Etat Major, le général Abakar Kénékéné et le général Abassali .
Dans le clan, nombreux sont ceux qui, devenus milliardaires, ne veulent pas mourir et estiment, que ; 30 années de pouvoir, ça suffit et que Deby n’était plus l’avenir et qu’il devait prendre sa retraite et quitter le pouvoir. L’avenir ? Ce serait, se rassembler derrière Yaya DILLO pour négocier et conserver tous les biens mal acquis et se sécuriser.
L’importante crise de confiance découlant de l’affaire Yaya Dillo a considérablement lézardée l’unité du clan au pouvoir depuis 30 ans. Ayant perdu la première manche, Idriss Deby n’est plus tranquille, depuis qu’il n’a pu ni arrêter ni tuer Yaya Dillo.
Ô rage ! Ô désespoir ! Il découvre que le clan est plus puissant que lui. C’est lui qui a mis exclusivement tous les membres du clan à tous les points stratégiques et névralgiques du pays. La branche sur laquelle, il est assis, se craquelle.
En réaction à cette offense, il a opéré une véritable purge dans sa garde rapprochée et tous les gardes ayant un lien de parenté avec Yaya Dillo ont été écartés de l’espace présidentiel. La campagne électorale et les déplacements d’Idriss Deby ont donné le tournis à sa sécurité, tellement, il changeait les itinéraires à tout bout champ. C’est pourquoi aussi, il a fait appel, aux Soudanais du Darfour à coups de centaines de millions pour les positionner à Pont Bélilé, à l’entrée de Ndjamena.
C’est donc, dans ce climat lourd de suspicions et de menaces que le FACT a lancé son offensive et on peut comprendre qu’aujourd’hui, Deby veuille éviter la confrontation directe parce qu’il n’y a plus un engagement réel à défendre son régime au sein du clan.
C’est la raison pour laquelle, il a utilisé l’armée de l’air pour effectuer des bombardements sur les positions rebelles et il cherche à les impressionner en rassemblant beaucoup de militaires sur le front.
Ces dernières 48 heures, à Massaguet, à l’entrée de la ville de Ndjamena, des tranchées sont creusées, non pas, croyait-on, pour empêcher l’entrée des Rebelles, comme en 2008, mais cette fois-ci, il s’agirait d’empêcher les militaires de sortir de la capitale pour aller rallier les Rebelles!
La deuxième position des hommes de Deby est à Moussoro, ville où il y a un centre de formation et une garnison. On se rappelle qu’Idriss Deby avait osé enlever leur tenue militaire à de centaines d’hommes pour les renvoyer de l’armée et cela devant les caméras de la télévision nationale. C’était sa façon de dégraisser le mammouth! Ce sera peut être l’occasion de lui renvoyer l’ascenseur.
Quand on sait que la ville de Moussoro est, après celle de Massaguet, Idriss Deby veut empêcher les militaires qui feraient défection pendant les combats à revenir à Ndjamena en passant par Massaguet, ils sèmeraient alors la panique dans la capitale.
Pourtant, on l’a vu dans les faits, les tranchées n’ont pas fonctionné, et, en 2008, les Rebelles sont bien entrés dans la capitale.
Enfin, du renfort a été envoyé à Faya pour pallier aux défections. Les militaires de Deby ont fait une ceinture à l’extérieur de la ville. Il ne s’agit, en aucun cas, d’aller chercher les Rebelles mais de rester sur place. Plus question de fixer et de traiter les Rebelles comme le criait à la télé Tchad, en 2008, M Betel Miarom, directeur de la communication présidentielle.
Récemment, au Lac Tchad, Idriss Deby est parti avec ses hommes pour dégager des îles du Lac Tchad, les hommes de Boko Haram, qui avaient deux semaines auparavant attaqué à l’aube, les deux garnisons de l’armée tchadienne dans la zone et les ont littéralement décimées.
A Bohoma, Idriss Deby a organisé une véritable mise en scène, avec la garde présidentielle, à l’attention de la communauté internationale, de ses partenaires occidentaux avec, en toile de fond, leur conditionnement pour sa campagne électorale à venir et le 6 ième mandat. Après leurs attaques, les hommes de Boko Haram se sont repliés, bien loin, dispersés dans le Nord du Nigeria et donc hors de portée de Deby et de ses hommes.
Mais un gros tapage médiatique autour du « nettoyage » de Boko Haram a été orchestré avec la descente du général Idriss Deby sur le terrain. Puis, on nous a joué l’acte final par l’élévation du héros de Bohoma à la dignité de Maréchal du Tchad.
Alors, faut-il s’attendre à la montée sur le front contre le FACT, du Maréchal de Bohoma ?
Ah ! C’est une autre affaire ! Ni en 2006 contre le FUC, ni en 2008 contre l’UFDD, il ne l’a fait. Il a perdu beaucoup d’hommes de confiance, l’usure du pouvoir, mais aussi les choses de la vie expliquent, qu’il y a un temps, pour la guerre et un moment où les hommes se projettent dans autre chose, surtout, quand ils sont assis sur une immense fortune, ils veulent en profiter et ne veulent plus prendre des risques fous. Tout le clan est dans cet état d’esprit.
De l’autre côté, les hommes du FACT sont jeunes, ils ont quitté leur pays parce que démunis, humiliés, opprimés, appauvris, leurs familles agressées par la machine infernale d’Idriss Deby. C’est le triste sort réservé à la majorité des populations tchadiennes qui n’a jamais eu à bénéficier d’une quelconque attention de la communauté internationale. C’est l’histoire des Rebelles tchadiens qui n’ont pas eu d’autre choix que de mettre leur vie en jeu pendant que, dans tant de pays d’Afrique, les jeunes vivent leur jeunesse en se formant pour se construire un avenir. Leur avenir est au bout de leur kalachnikov parce qu’on a aidé un régime démoniaque, prédateur qui a pillé toutes les ressources du pays pour les planquer en Afrique du Sud, en Malaisie, à Dubaï, au Qatar, à se maintenir 30 années au pouvoir en violant, tuant, massacrant sa population. Ivre de ce soutien, il dérive chaque jour, un peu plus, entrainant le pays vers l’abîme. Les exécutions sommaires sont la norme, à chaque coin de rue, tel ce jeune mécanicien tué par un général qui refusait de payer la somme de 2000 francs CFA, après la vidange de sa voiture. Ou encore, il y a, à peine, 15 jours, encore un général de Deby enlève, en pleine rue, devant beaucoup de gens, une petite fille de 12 ans, la viole et l’abandonne sur un terrain vague. De nombreuses jeunes filles de certaines ethnies expliquent, qu’elles sont obligées de se dissimuler dans des burkas pour éviter que les militaires de Deby les kidnappent et les violent. Est-ce une vie cela ? Il est temps que cela s’arrête.
Les forces du FACT ont les cartes en main pour y arriver, à condition, de ne pas perdre de temps, face à un pouvoir chancelant. Il est important de le comprendre.
LA REDACTION DE ZOOMTCHAD