Succès Masra a quitté le Tchad pour le Cameroun où il est entré en clandestinité.
À N’Djamena et dans d’autres villes, les blessés pansent leurs plaies dans les hôpitaux, ceux qui ont été arrêtés, sont interrogés par l’équipe de magistrats instructeurs dans le cadre de la commission d’enquête sur les événements du 20 Octobre 2022. Les familles endeuillées ont commencé leur deuil. La tempête qui a soufflé, dans certains quartiers de N’Djamena, a laissé d’importants stigmates dans la ville.
De nombreuses sources font état d’une radicalisation de Succès Masra et de son équipe et qu’il s’oriente non pas vers un exil mais vers la recherche d’armes pour une lutte armée. Il est vrai que Succès Masra n’avait jamais écarté cette option. « Quand nous aurons de vraies armes » ne cessait -il de le dire, à chaque meeting, ou déclaration. C’est ainsi qu’il faut comprendre la récente sortie du Président de Transition où il faisait allusion à ceux qui veulent prendre le pouvoir par les armes.
Succès Masra est encore dans l’erreur et ce chemin, qu’il se prépare à emprunter, est parsemé de difficultés dans cette région pleine d’insécurité entre le Cameroun et le Nigeria. Une région où rien n’est sûr où pullulent des trafiquants de toutes sortes.
Une zone hyper dangereuse.
Sa démarche est très incertaine et risquée car les pays frontaliers ne sont pas favorables au développement d’activités de subversions contre le Tchad. Cela découle de leurs relations diplomatiques et le Tchad a les mêmes dispositions envers eux.
De nombreuses rebellions tchadiennes ont payé un lourd tribut pour avoir essayé des activités au Nigeria, au Niger, au Cameroun sous le régime d’Idriss Deby.
Succès Masra devrait en tirer des leçons et ne pas s’engager dans une rébellion armée. Il a, semble-t-il, essayé de relancer des anciens codos au Sud, devenus, aujourd’hui, des papis à la retraite. Dans quelles aventures vont-ils s’embarquer ?
Conformément à l’audio dans lequel, il était fait état de la nécessité d’avoir plus de morts lors des manifestations, pour monter une opération médiatique afin de discréditer le pouvoir de Mahamat Idriss Deby ; on a ainsi vu Succès Masra engager des avocats pour déposer une « plainte » à la CPI ; plainte déposée en son nom et au nom de son parti par Me William Bourdon.
C’est donc bien le plan prévu avant les événements en complicité avec les ONG et leurs avocats, qui est ainsi déroulé après les événements.
Que faut-il penser de cette plainte ? MOUSSE MÉDIATIQUE OU VÉRITABLE SAISINE DE LA CPI ?
Tout d’abord, expliquons les choses simplement.
Qui peut saisir la CPI ?
Selon les textes du Traité de Rome qui organisent la saisine de la CPI, la Cour peut être saisie par un État signataire du Traité de Rome. Elle peut être saisie par le Conseil de Sécurité de l’ONU. Elle peut enfin être saisie par le Procureur qui estime que l’ouverture d’une enquête est impérative.
On constate donc qu’un particulier comme Succès Masra, et, un parti politique, les Transformateurs, ne peuvent pas saisir la CPI.
Question: Est-ce que les avocats de Succès Masra ont réellement déposé une plainte (qui était impossible à déposer) ?
Réponse : Lisons une partie du communiqué des avocats de Succès Masra, en date du 9 novembre 2022 : « Les soussignés (avocats de Succès Masra Masra et du parti les Transformateurs) annoncent avoir adressé, ce mercredi 9 novembre, un signalement à la Cour Pénale Internationale de faits susceptibles de revêtir la qualification de crimes contre l’humanité. »
Comme expliqué plus haut, n’étant pas autorisés à saisir la CPI et ne pouvant en aucun cas déposer une plainte ; Ils ont envoyé une lettre au Procureur pour lui signaler des faits graves. Ils veulent donc l’ouverture d’une enquête sur les événements du 20 Octobre 2022.
Donc, ce que les avocats de Succès Masra ont fait ; c’est qu’ils ont demandé par lettre, l’ouverture d’une enquête. Ils n’ont donc jamais déposé une plainte car ne pouvant le faire.
S’il fallait analyser cette lettre, on peut dire que, juridiquement, elle est nulle. Mélangeant les faits, portant des accusations sans fondement, sans preuve aucune. Pire, dissimulant la vérité des faits, des événements tels qu’ils se sont déroulés. N’ayant que du mépris pour les victimes tuées à coups de machettes.
L’enquête sur les événements du 20 octobre 2022 apportera des éléments importants dans la préparation, dans la préméditation des dits événements.
Se précipiter à la CPI, utiliser cette initiative pour manipuler les gens peu informés pour entretenir une mousse médiatique, ne peut prospérer longtemps au regard des exigences procédurales.
Il est important de comprendre que ce n’est pas parce que l’on a mobilisé des avocats que l’on détient toutes les cartes. L’appui des réseaux des ONG, bien mouillées, dans les actes préparatoires de la tuerie du 20 octobre 2022, sera dévoilé.
Si jamais, le Procureur de la CPI ouvre une enquête sur ces événements, Succès Masra ne sortira jamais indemne d’une telle procédure. Des plaintes seront déposées contre lui avec beaucoup d’éléments qui ont déjà été présentés à la Communauté Internationale.
Soulignons que les mensonges des avocats sont parfois grossiers, ainsi, il est dit que des gens arrêtés, ont été déportés.
Peut -on être déportés quand on est en prison dans son propre pays ?
Être dans une prison au Nord du Tchad, ne signifie pas être déportés.
L’utilisation du mot « déportés » est fait volontairement car ce mot renvoi à la déportation des juifs par l’Allemagne nazie : on veut donc faire croire à une persécution sciemment organisée.
Cela fait partie des techniques de communication, de manipulation médiatique des ONG et de leurs avocats. Des démarches douteuses et toxiques.
S’il fallait apprendre des troubles des événements du 20 octobre 2022 et de leurs conséquences.
On soulignerait qu’il est urgent que le Président de Transition dote la gendarmerie tchadienne de moyens et d’équipements pour assurer un maintien de l’ordre conformément aux lois et règlements du pays et de ce qui se fait ailleurs.
Il ne faut plus assurer le maintien de l’ordre avec des Toyota et des kalashinkov.
Les forces destinées au maintien de l’ordre doivent bénéficier d’un entraînement spécial mais aussi disposer de moyens et de tactiques bien adaptés pour faire face à de multiples situations.
Enfin, autre point, le Conseil de Paix et de Sécurité de l’Union Africaine n’a pas sanctionné le Tchad.
La presse internationale a titré : « Moussa FAKI échoue à faire sanctionner le Tchad ». Fait, très rare, dans les annales diplomatiques, que de voir, une personnalité de haut rang, pour ses ambitions personnelles, se retourner contre son propre pays.
Il est évident que c’est une position qui ne peut attirer de la sympathie car chaque Chef d’Etat va se poser la question de savoir comment il réagirait, s’il devait gérer pareil cas, l’opposant à son propre compatriote à la tête d’une institution?
On peut relever que, quand la presse internationale parle d’échec de Moussa FAKI, elle a ramené la question des sanctions à une affaire qui concernait un engagement personnel de M Moussa FAKI. Ce dernier s’est trouvé bien seul.
Ce fut une grosse erreur de positionnement politique.
Mais, il reviendra à la charge, c’est ce que l’on peut lire entre les lignes du communiqué de son porte-parole.
Il est des hommes politiques qui ne savent pas digérer des défaites.
Si l’on analyse son parcours, tout lui fut servi sur un plateau ; PM, Ministre des affaires étrangères, Président de la Commission de l’UA. Un long fleuve tranquille, pas de compétition locale, pas de véritables concurrents. Tout a toujours roulé pour lui. Aujourd’hui, sans le décret d’Idriss Deby, sans le parapluie de son pays, il devait prendre un risque et se lancer. Il s’est jeté dans une arène sans filet.
Il a eu un mandat complet de 4 ans et a entamé son deuxième mandat. Autrement dit, cet échec est synonyme, désormais d’une perte d’aura, mais aussi d’une mauvaise analyse des positions des pays membres du CPS malgré son expérience au sein de l’Union Africaine.
Il est évident que cet échec retentissant va quelque part plomber son élan vers la course présidentielle qu’il préparait activement en s’attaquant directement à la personne de Mahamat Idriss Deby par certains médias africains qui font partie de son staff de communication.
Sa stratégie de conquête du pouvoir a été déroulée dans le contenu de son discours au Dialogue National Inclusif.
Elle se décline en deux axes : tout d’abord, ne rien dire sur le pouvoir d’Idriss Deby et sa responsabilité personnelle dans le désastre que vit le Tchad, et même faire sa propagande au besoin. Le Clan au pouvoir sera, alors, dans de très bonnes dispositions à son égard. Ensuite, charger au maximum, le Président de Transition, le rendre responsable de tout afin de l’affaiblir et partant, donner plus de chances à son positionnement personnel. C’est ainsi qu’il a lancé la charge avec la réunion du CPS, voulant utiliser son mandat, ses fonctions au sein de l’UA qui était quelque peu détournées de leur objectif principal pour être au service d’une ambition.
Cela permet d’attirer l’attention sur le rôle important des hommes qui dirigent des institutions. Ce sont, très souvent, eux, qui en font des institutions fortes ou qui les discréditent ou encore qui les affaiblissent. Le CPS n’a pas laissé Moussa FAKI l’affaiblir, il l’a désavoué dans cette affaire de sanctions contre le Tchad.
Par cet échec qui restera dans les annales de l’UA, la fonction de Président de la Commission de l’Union Africaine est sortie affaiblie de ce bras de fer diplomatique avec un État membre qui, plus est, le pays de nationalité du Président de la Commission, suffisant pour entrer dans l’histoire de l’institution.
Le gouvernement tchadien devrait profiter, de ce point positif, avec le refus de la majorité des pays membres du CPS de le sanctionner, pour prendre des mesures d’apaisement de la situation politique, économique et sociale.
LA REDACTION DE ZOOMTCHAD